Textes d'Afrique de Daniel Milan.
Publiés le 10 novembre 2019.
(Commentaire de Michel Dakar : ce qui est le plus horrible pour un être, c'est d'être opprimé)

http://www.aredam.net/textes-d-afrique-de-daniel-milan-10-novembre-2019.html

 


« Non, tout n'est pas parfait ici, je n'ai jamais dit ça, mais malgré l'insécurité, qui n'est pas propre à l'Afrique, j'étouffe moins, je me sens plus libre, moins angoissé...

J'ai tellement été écrasé, que j'apprécie ce que je vis... » 




 L'APPEL DE L'AFRIQUE (2/03/19)

CE RÉCIT EST AUSSI UN HOMMAGE A MON PÈRE, JACQUES MILAN, MILITANT ANARCHO-SYNDICALISTE ET ANTICOLONIALISTE

Je ne suis pas de ceux qui accusent les dirigeants africains de tout ce qui ne va pas. Je pense que la plupart, font ce qu'ils peuvent pour leurs populations. Cependant ils ne peuvent tout faire.

Je ne suis pas non plus du nombre des blancs qui s'autoflagellent ou qui mettent tous les blancs dans le même sac, en les accusant de tous les maux.

Seules quelques dynasties financières, ont bâti leur fortune sur l'exploitation de l'Afrique.

Aucun de mes aïeux n'a participé, ni été complice du pillage de l'Afrique.

Mon arrière-grand était instituteur en Algérie.
Son épouse, mon arrière-grand-mère était une indigène d'Algérie, comme on disait alors.  Berbère ou Arabe ? je l'ignore !
Ce fut pendant longtemps un secret de famille. Pour expliquer ses traits, elle disait que sa grand-mère était gitane.
Enfant, on m'appelait pourtant le "fils de  l'Arabe" du fait que ma mère avait le teint très mat, mais je ne l'ai jamais mis sur le compte du racisme, ce qualificatif n'existait pas, mais sur le compte de l'ignorance et de la méchanceté d'enfants à l'égard d'autres enfants. Ils  traitaient aussi de " spaghettis" les enfants d'Italiens et " d'espingouins" les enfants d'Espagnols.

Enfant, je rêvais aussi d'horizons lointains. J'étais passionné par l'Afrique et les peuples de l'Afrique. Je voulais voir l'Afrique et tout connaître de l'Afrique... Je devorais les récits de voyages contenus dans les revues " Marco Polo et Sciences et Voyages. Je ne concretiserai ce rêve que bien plus tard. J'avais aussi des correspondants africains, c'était assez un peu la mode à l'époque. Nous échangions des photos et des infos sur nos pays respectifs. Je m'étais aussi lié d'amitié avec des étudiants africains qui étaient pions dans notre école. Ils étaient là curiosité de beaucoup d'élèves. Il n'y avait aucun racisme à leur égard, juste un peu de jalousie par leur succès auprès des filles. Je me souviens aussi que les jeunes filles de l'époque avaient un grand engouement pour les Africains. Il y avait aussi quelques mariages mixtes à Étampes où j'habitais. Je trouvais les petits métis, magnifiques. Les étudiants africains que je connaissais étaient des fils de notables africains. Ils étaient anticolonialistes et aspiraient à reconstruire l'Afrique et à dégager les notables de l'époque. Je les écoutais parler de l'Afrique avec passion et admiration et aussi avec le regard d'un enfant.
Mon père anarcho-syndicaliste, était aussi militant anticolonialiste. Il était de tous les meetings, au Palais de la Mutualité. Autre temps, la quasi totalité des intellectuels et des artistes soutenaient cette cause et étaient contre la guerre d'Algérie.
Dans les années 70 mon père partit s'installer à Le Port, dans l'île de la Réunion et y épousa une jeune réunionnaise afro-indienne. Il y restera plusieurs années, malade, il s'installera à Lyon où il décédera un peu plus tard. J'ai un demi-frère afro-europeo-indien, que je ne connais pas.
Passionné également par le monde musulman, la culture islamique et l'Islam, en novembre 1981, je me convertissais a l'Islam

En 1991, j'irai en Algérie à l'invitation d'un journaliste  proche du FIS. Durant mon séjour, je partagerai l'espoir des Algériens.
En  1992, je retournerai en Algérie, mais pour une toute autre raison : pour épouser une jeune femme kabyle, d'une très grande beauté qui me donnera deux enfants : Amar et Yasmina.
Ce séjour en Algérie, fut pour moi l'occasion de découvrir une magnifique culture et des paysages magnifiques, me rappelant la Corse où j'avais vécu de 1964 à 1970.
Mon beau-père était un  homme passionnant, bon, musulman pieux, mais très ouvert, qui avait été moudjahidine durant la guerre d'Algérie . Il n'avait aucune rancœur à l'égard des Français, et évoquait même certains bons souvenirs chez des colons qui l'avaient employé ;  bien que témoin d'atrocités et que plusieurs membres de sa famille aient été tués de la pire façon.
En 2008, je me retirerai  dans le petit village  d'Aiglun, dans les Alpes-Maritimes où je mènerai une vie contemplative durant près de 8 ans.
Je pensais finir mes jours dans ce village, mais le destin en aura voulu autrement...
Mon regard pourtant plongé dans le magnifique paysage d'Aiglun, je rêvais de voir l'Afrique subsaharienne avant de mourir.
En 2015, je saisis l'occasion d'un contact en Afrique, pour concrétiser ce projet. J'y séjourne en partie depuis cette date.

J'y ai trouvé une compagne. Je rêve d'y concrétiser un projet de vie et aussi d'épouser ma compagne, malgré le refus de la France de me délivrer un CCM ( Certificat de capacité de mariage).

Lors de mon premier séjour en Afrique, une jeune fille de 20 ans, m'a dit, " j'en en marre d'être pauvre". Depuis, ce cri de désespoir, n'a de cesse de m'hanter.
Certains incriminent les dirigeants de l'Afrique, ainsi que le Franc CFA, en tant que monnaie coloniale.
Je ne connais pas le sujet, il y a peut-être des accords à renégocier, on peut, peut-être, appeler ce franc autrement, je n'en sais rien, mais je trouve ce franc stable. Je ne pense pas  qu'un changement de monnaie, rendrait la population moins pauvre. Le problème est ailleurs. L'argent ne permettra jamais aux plus pauvres, d'acquérir l'essentiel, ce n'est pas son but. Il faut lui joindre d'autres éléments : la solidarité et le partage. l'Afrique a beaucoup de potentiels. L'implantation  croissante de supermarchés français, démontre qu'il y a de nombreuses personnes avec un pouvoir d'achat élevé et que des produits proposés pourraient  être proposés à  meilleur coût, par des  artisans locaux. Sans tout attendre des gouvernements, la société civile pourrait s'organiser, afin de pourvoir l'essentiel des besoins des plus démunis, en matière de soins de santé.

Daniel Milan


MA VIE EN AFRIQUE (25/07/19)
~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~
PROMENEUR SOLITAIRE...ET SOLIDAIRE AUSSI...
~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~

Toutes proportions gardées, même en compagnie d'un ami français, dans mes "pérégrinations"à travers les pistes, je suis souvent dans l'attitude du " promeneur solitaire" de Jean-Jacques Rousseau...
Marcher à travers ces pistes, me fait énormément de bien, au corps et à l'esprit. Tout se bouscule dans ma tête,  mes souvenirs, mes regrets, mes erreurs, mes souffrances, mes lassitudes... ;  la vallée de Luzipeu, Aiglun... ; mes rêves, mes espoirs, mes joies, mes amis, mes compagnes, mes enfants, mon exil...  Je n'ai jamais su fermer les pages de ma vie ;  même s'il m'arrive parfois, d'en ouvrir de nouvelles... Je me repasse les films de ma vie passée, présente et future... Je m'interroge souvent sur la situation des gens, leurs espoirs et leur devenir. Mais Dieu seul sait. Puisse-t-il les guider et leur accorder sa protection. Je ne me lasse pas de découvrir et de redécouvrir, la vie africaine, sous tous ses aspects qui défile devant nos yeux, ainsi que de multiples sensations liées au lieu, au climat. Les gens n'ont pas une perception occidentale des problèmes, mais c'est aussi une bonne chose. Ils sont directs, spontanés, pour le meilleur, comme pour le moins bon. Beaucoup sont pauvres, même très pauvres. Je regrette de ne  pouvoir leur donner grand chose, en dehors de mon Salam. Les enfants qui accourent pour nous saluer, leur sourire, leur magnifique regard. Ce sont là leurs plus beaux cadeaux. Voir les catholiques, les musulmans, les Peuls, les Serères, les Diolas, les Wolofs, les Touaregs, les Mauritaniens, les Guinéens et tant d'autres ethnies, vivre ici, tous ensemble en bonne harmonie, avec de mêmes soucis ; participant aux mêmes fêtes, sont pour moi, un grand réconfort. Le respect des ethnies et de leurs  langues, sont inscrits dans la Constitution. Cela change des impostures, suivez mon regard, où l'on ne parle que "d'antiracisme", tout en menant des politiques supremacistes avec tout ce qu'elles comportent de racisme, de discriminations, d'exclusions, d'injustices et d'inégalités...
~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~
LA VALEUR DE LA VIE
~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~

Mes problèmes de santé, hélas, accaparent une partie, toujours plus importante de ma vie, en soins, en soucis, en angoisses quand ils se réveillent. Ils sont les conséquences, non pas d'excès alimentaires, mais d'années, des périodes, du moins, de malbouffe, de consommation de sodas, de fromages, de pâtes, de frites, de chips, de pizzas, de cafés ; d'années de précarité et de travail de nuit aussi...
Je n'ai  jamais pris autant conscience de la valeur et de la beauté de la vie, que depuis que je suis malade. Chaque moment compte et je fais mon possible pour les vivre les plus intensément.

Sans doute que mon repos éternel, le plus tard possible ( je n'ai pas encore envie de me reposer, surtout pour l'éternité) ;  sera dans ce coin d'Afrique où le destin m'a conduit et qui emportera les secrets de ma vie. La concrétisation improbable, d'un vieux rêve aussi : voir l'Afrique...
Mais qui se rappellera de mes idées, de mes combats, de mon existence, même ?

Daniel Milan


MA VIE EN AFRIQUE (25/08/19)
~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~
Est-ce bien nécessaire de vous dire que ma vie n'a rien à voir avec celle des riches toubabs enfermés dans leurs résidences des quartiers situés en bordure de mer ; qui ne sortent que pour faire leurs courses au supermarché, aller au restaurant ou au café ; résolvent leurs problèmes qu'à travers leur argent. Je vis dans un quartier populaire, et suis  souvent confronté aux mêmes difficultés quotidiennes, que vivent les Africains. Je ne suis pas en train de dire que tous les blancs sont riches, mais il y a une minorité ( ?) de blancs très riches installés dans la région, qui ont fait fortune dans la construction il y a une ou deux décennies en arrière. Ce sont ces blancs très riches qui ont contribué à donner une fausse image du blanc, forcément riche, parce que blanc, alors qu'il y a aussi, ici, des blancs très pauvres qui galèrent pour  vivre.

Mon grand plaisir est de sillonner à pied les pistes des quartiers populaires, seul, ou en compagnie d'un ami français, à la rencontre de cette Afrique authentique et vivante. De m'asseoir quelques instants à l'ombre d'un arbre pour mieux m'imprégner de cette Afrique éternelle ; admirer les pièces réalisées par des artisans/artistes ferronniers et menuisiers installés en bordure des pistes ; admirer aussi la beauté des femmes qui circulent sur les pistes. Ce sont elles aussi, des œuvres d'art, mais des œuvres d'art vivantes du Créateur. Mon dieu qu'elles sont divinement belles, éblouissantes, vivantes, émouvantes, passionnantes, un vrai plaisir des yeux et de l'esprit. Je comprends mieux pourquoi 80% des blancs de la région ont une compagne sénégalaise. Par contre, je comprends moins bien le fait que 60% des vieilles blanches, aient un jeune compagnon sénégalais , mais c'est leur droit, leur choix et leur liberté aussi.

Je connais une vieille dame française de 90 ans, qui séjourne chaque année au Sénégal depuis 20 ans. Elle m'a dit qu'elle venait au Sénégal, parce que chez elle, dans sa petite ville de l'Est de la France, elle vivait seule recluse dans sa maison. Aucun voisin ne venait lui rendre visite et assez rarement son fils. Elle se sentait mieux, ici, au Sénégal, au moins, on venait la voir. Prévoyante, elle a même retenu sa place dans un cimetière privé de toubabs, au cas où elle decederait au cours d'un séjour au Sénégal. La résidence où elle descend quand elle séjourne au Sénégal, est à dimension humaine : 14 appartements entourant un patio, occupés en partie, par des Français de passage, en mission professionnelle ou humanitaire et quelques familles sénégalaises. J'y ai vécu quelques mois lors de mon premier séjour au Sénégal. Je suis dans la même dernière démarche que cette dame, mais le plus tard possible. Ce ne sera pas dans un cimetière de blancs, mais un cimetière musulman. Le coût de l'enterrement est de 5000 FCFA ( 7€50), ce qui inclus le transport du corps par charette, le rituel musulman : lavage du corps,  et le creusement du trou. Je présume qu'à ce prix là, la stèle est une option supplémentaire. Un tel enterrement est tout de même plus romantique que de finir dans une fosse commune en France après "s'être" fait racketter post-mortem, un max, au passage à tous les étages.
~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~
J'AI TROUVÉ LE SALAM AU SÉNÉGAL
~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~
Durant toute ma vie, j'ai combattu pour survivre et faire vivre les miens ; j'ai vécu dans la précarité et dans l'incertitude des lendemains ;  dans la peur de perdre mon emploi, de ne plus pouvoir payer  mon loyer, de ne plus pouvoir  faire vivre les miens ; dans la peur des représsions, pour un mot de trop où un mot de moins, pour avoir osé penser, osé me plaindre, osé écrire...

Je suis très heureux de me trouver dans un pays, qui, malgré tous les défauts ( vrais ou faux) que l'on peut lui attribuer, respecte les citoyens et l'humain ; où règne la paix entre les différentes ethnies ( 23) du Sénégal et les fidèles des trois religions : islam, catholicisme, animisme.

Je souhaiterais, certes, encore davantage de bonheur, avoir plus de moyens pour acheter un bout de terrain et une baraque, pour mes proches ;  pouvoir mieux me soigner et découvrir tout le pays... Inchallah.

Il y a deux ans encore, je couchais par terre sur un matelas, dans une chambre  que j'avais loué, je rangeais mes vêtements dans des sacs de riz. Je n'avais pour tout mobilier qu'un matelas, un gaz pour cuire les aliments et une table en bois que l'on m'avait donné.
Maintenant, je vis dans un logement plus grand et plus fonctionnel pour 5000 FCFA de plus. J'ai un lit, une armoire, des étagères, des chaises, un ventilateur, des compteurs d'eau et d'électricité individuels, ce qui est appréciable. Cela évite tout malentendu.
Il y a deux ans, jamais je n'aurais pensé parvenir à avoir tout ça, mais j'y suis parvenu, même si ma compagne y a beaucoup contribué.  Elle voulait que je sois respecté.
Dormir par terre,  n'a rien de dégradant et ne me dérangeait pas. C'est ce que font beaucoup de gens ici, mais j'en conviens que dormir dans un lit, est tout de même plus confortable, sans que cela soit pour autant, un luxe, surtout quand on a pas une bonne santé.

Je n'ai pas les mêmes préoccupations et motivations que la plupart des blancs d'ici, ni le mode de vie.  Je ne suis jamais allé sciemment à leur rencontre. Les seuls que je connaisse un peu ici ; ce sont ceux que j'ai pu rencontrer par hasard et qui ne font pas partie du milieu toubab.
Mon incessante quête de paix intérieure, m'a conduit ici et je l'ai trouvé ici. Même si j'ai pu parfois me trouver dans des situations stressantes, elles n'ont, aujourd'hui, moins de prise sur moi.
Sans que cela eusse été le but, je récolte aujourd'hui les fruits du Salam que j'adresse aux gens lors de mes promenades.

Mon objectif était de vivre intensément chaque instant présent, je crois l'avoir atteint.
Vivre intensément, n'est pas être dans l'agitation permanente, brûler la vie par tous les bouts possibles, comme beaucoup le font  ; mais être seulement, pleinement en paix, avec soi-même et avec celles et ceux qui vous aiment...
~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~
REGARDS SUR L'AFRIQUE
~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~
Je pense qu'un jeune ici a plus de chance de s'en sortir, par rapport à un jeune français en France.  Beaucoup sillonnent les rues avec des sacs et des sacs à dos remplis d'articles à vendre : chaussures, sacs à main, ceintures, pagnes... Le problème est que tout le monde propose ces mêmes articles, mais le principe est bon.
Par ailleurs, la pauvreté est toujours plus supportable sous les tropiques que sous les brumes du Nord. De plus, ici, chacun peut compter sur la solidarité familiale ou tribale. Même chez les plus pauvres, il y a toujours une place pour faire dormir un oncle, un cousin, ou une nièce et une assiette de riz de disponible. Ce sont là des éléments très positifs.
Beaucoup de jeunes, des femmes en particulier, sont animés par une volonté de se sortir de la pauvreté, pour aider leur famille. Ils cherchent à créer leur propre emploi.   Miser sur plusieurs choses, nécessitant peu de mises de fonds, est une gage de réussite.

Le système des chambres louées au mois à partir de 15000 FCFA ; permet à beaucoup d'avoir un logement pour pas trop cher et de bénéficier de l'usage des parties communes. Des jeunes filles prennent souvent une chambre à deux, ce qui diminue encore le coût de la location mensuelle. Je vous ai résumé là, le système économique sénégalais. C'est un système économique de  survie, certes, mais qui peut être amélioré et qui comporte des points et des effets positifs en attendant mieux.

Des Sénégalais commencent à prendre conscience de la nécessité de manger mieux et plus naturel. Il y a même des marchés bio à Dakar et des boutiques proposant des produits bio, mais je crains que cela ne soit qu'un créneau commercial destiné à une clientèle aisée. Le pauvre a d'autres soucis que d'acheter bio, il n'en a pas non plus les moyens, ni conscience que ce qu'il mange est mauvais pour sa santé. Le diabète et l'hypertension font des ravages dans la population, conséquences de fortes consommation de sucre, de boissons sucrées, de sauces composées d'huile de palme et de cubes, accompagnant le traditionnel riz ( brisures de riz, le plus souvent importées) dont la consommation s'est substituée à celle des céréales locales : mil, sorgho, fonio, bien plus riches en éléments minéraux et vitamines. Beaucoup manquent de fer et d'autres minéraux Ils vont donc les acheter en pharmacie, alors qu'il y a ici des feuilles de moringa très riches en minéraux et vitamines,  que l'on peut acheter partout pour quelques francs.

L'école est obligatoire. Pratiquement toutes les écoles sont privées, payantes et confessionnelles, pour la plupart, mais dispensent un même programme généraliste laïc, établi par le Ministère de l'Education nationale. Ces écoles mettent toutes en avant l'enseignement de la bonne éducation à  leurs élèves.
Je suis préoccupé par contre, par les  effets néfatifs sur les esprits, de certaines séquences de chaînes de télévision.
Tout le monde n'a pas la télévision, mais ce n'est pas ce qui coûte le plus cher, y compris les abonnements aux chaînes. Je m'inquiète, quand je vois des jeunes femmes et des jeunes filles scotchées devant des séries sud-américaines, d'une très grande violence ; des séries nigériennes ou des rediffusions  de reality show, les étalages d'etats d'âme narcissiques de starlettes américaines...
Je me demande bien comment elle peuvent percevoir ces séries et ces émissions. Je m'interroge sur leur impact sur les esprits.

~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~
MON PROJET, INCHALLAH
~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~
Je rêve de concrétiser le rêve de tout homme qui aspire à être libre : acheter un bout de terrain, y construire une baraque dessus ; planter des arbres fruitiers,  créér un artisanat social, expérimenter ce qui est possible en matière d'autarcie.
Ce projet  stagne du fait que je n'ai toujours pu économiser  l'argent nécessaire à la concrétisation de celui-ci ; et aussi en raison de mes problèmes de santé qui m' handicapent fortement.

J'espère que je pourrai concrétiser, inchallah, ce beau projet avant de " partir" ; le dédier à mes combats, à mes enfants, à ma compagne et à mes Amis fidèles, car ce n'est pas seulement un projet ; il y a aussi d'autres projets dans ce projet qui ne s'arrêteront pas avec ma " disparition". Ma compagne en assurera la continuité.

Je vois aussi qu'ici  beaucoup de monde, des femmes et des jeunes filles surtout, songe à acquérir un bout de terrain pour y construire une maison modulable.  Elles ont compris qu'avoir un terrain et un logement à soi, étaient la base de tout et le moyen de s'assurer de leur autonomie et de l'essentiel.

Daniel Milan


MA VIE EN AFRIQUE (31/08/19)

Ici beaucoup d'enfants n'ont rien comme en Europe et dorment le plus souvent par terre, à même le sol. Les jouets, ils se les fabriquent : une vieille roue de voiture ou d'un vélo, une ficelle ou un bout de fil de fer. La bouffe : l'éternel riz ( des brisures du riz) parfois du riz au poisson, exceptionnellement du riz au poulet, et encore plus rarement, riz au  mouton. Bref, la pauvreté à tous les étages. Et pourtant ils sont heureux, ils s'amusent avec un rien. Après, chacun essaie de s'en sortir comme il le peut, mais pour ainsi dire, jamais...

Beaucoup de gens en Europe, ont des fausses idées à propos de l'Afrique, je ne dis pas que cela soit ton cas, car je ne le pense pas. Pourtant, ici, les jeunes surtout, ne désespèrent pas...

Je préfère quand même être dans cette région de l'Afrique que dans d'autres.

Et de tout ce que j'ai pu connaître de bon en France, il ne reste plus rien. Il ne reste que mes souvenirs.

Non, tout n'est pas parfait ici, je n'ai jamais dit ça, mais malgré l'insécurité, qui n'est pas propre à l'Afrique, j'étouffe moins, je me sens plus libre, moins angoissé...

J'ai tellement été écrasé, que j'apprécie ce que je vis...

Daniel Milan