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Les 400 coups de François Truffaut, 1959 (passage
du film au Guignol des Tuileries).


D'UNE GALÈRE L'AUTRE : L'HISTOIRE D'UNE VIE...
MES  GALÈRES ET MES DESCENTES AUX ENFERS... SUIVIES DE CE QUE J'AIME, DE CE QUE JE N'AIME PAS ET DE CE QUI M'EMOTIONNE...
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J'aurais bien aimé vivre totalement selon mes rêves en dehors du système et être l'un  de mes personnages  préférés ;  mais je n'en ai eu, ni la connaissance,  ni le courage aussi... Mon " non-conformisme" est donc resté durant ma vie, au stade des idées, des rêves et des espoirs...
Ceci-dit, mes années de survie, de débrouille, de galère, ont façonné mon être. En effet, j'ai, à 14/15 ans, exercé des tas de petits boulots à Paris et en banlieue :  j'ai distribué des prospectus et des échantillons dans les boîtes aux lettres et enfreint les interdictions de pénètrer dans les immeubles : tous les jours pour exercer mon job, je devais me payer des courses-poursuites avec les gardiens et les flics appelés par eux.  J'ai vendu des fripes "aux puces" de Saint-Ouen... J'ai transporté d'une chambre à  l'autre, des régimes de bananes dans une cave murisserie, des halles,  je dis ça, parce que ce type était le prototype du négrier, vu l'accent et ses exigences, il devait avoir des origines bien négrières aussi... J'ai déchargé des camions la nuit aux halles pour 3000 f ( ancien) une fortune à l'époque, pour 2 ou 3 heures de travail intensif.. J'ai dormi dans des squats, dans des caves. De gros rats  me passaient sur le visage la nuit. Sympa ! J'ai dormi aussi dans des cartons sur les bouches de métro.  Attrapé par "les bleus", la terreur des SDF ;   j'ai connu plusieurs fois Nanterre...  une fourrière pour humains... Jamais les journées ne m'étaient apparues aussi longues... Autre souvenir de galère,  un jour, en quête de "chaleur familiale", je suis allé en stop chez ma grand-mère maternelle, à Villeconnin, en pleine Beauce, en espérant qu'elle m'offre au moins une soupe et un lit pour dormir la nuit, dans la grande ferme de son mari. Mais rien, elle ne m'a même pas ouvert la porte et m'a seulement crié : "va-t'en, Désiré (son mari) va te faire partir avec des coups".  Ne me sentant pas de refaire la route à pied et en stop jusqu'à Paris, j'ai dormi dans le poulailler de ma grand-mère,  enroulé dans de vieux sacs de jute humides et des journaux avant de repartir au petit matin, encore chassé par ma grand-mère sortie de sa tanière...  Jamais, je n'avais eu aussi froid de ma vie. Nous étions au milieu de l'hiver et il y avait du givre partout dehors...

Bref,  contrairement, à nombre de compagnons d'infortune ; j'eu la force de ne pas sombrer dans l'alcool, la drogue, la prostitution.

Ah, j'ai par la suite, connu des années, guères plus fastes, mais tout de même plus humaines et plus agréables. Un ami de mes parents qui faisait partie du " même milieu végétarien", qui m'hebergeait de temps  à autre, à Paris, dans une mansarde d'un ancien hôtel particulier du Sentier ; connaissait un Corse à Bastia ( également végétarien).   Muni d'une lettre de recommandation pour ce Corse, j'ai pris mon sac à dos ( élément indispensable du zonard/ routard), je suis descendu en stop jusqu'à Marseille, et là,  je me suis rendu au port pour prendre le bateau ( c'était le Napoléon, je crois) à destination de Bastia. Là, j'ai trouvé ce Corse qui tenait un magasin d'électroménager en bordure de la vieille ville de Bastia. Un homme superbement gentil et humain qui m'a invité à manger et à dormir chez lui, a téléphoné à des amis pieds-noirs de Porettone, sur la plaine orientale, chez qui je travaillerai durant quelques semaines dans les vignes, à les tailler et à les couper, en compagnie d'ouvriers italiens et algériens, littéralement dévoré par les moustiques. Nous étions pourtant en Novembre. Ensuite, je suis allé travaillé, chez l'un des frères de ce pied-noir, qui avait des terres en cours de demaquisage, dans un hameau de Calenzana, en vallée de luzipeu, à 20 kms de Calvi, sur la route de Porto. Il avait besoin d'un employé de confiance pour garder ses terres et me confiait quelques travaux inintéressants à faire, "histoire de m'occuper", disait-il. Lui et son épouse Corse, étaient très humains à mon égard, mais il avait  des réflexions d'un autre temps à propos des relations patrons ouvriers... Je mangerai un temps, avec eux ( un privilège qu'il n'accorde à aucun de ses ouvriers étrangers, selon le pied-noir) et dormais sur un lit pliant de la salle à manger de leur maison ( une ancienne maison cantonnière).
Ensuite, le patron decida de m'attribuer comme logement, une petite maison située à 200 mètres de la route, au bout d'un sentier de terre longeant la rivière ; puis, plus tard,  un cadre de déménagement en bois... Mon patron et sa femme,  me rapportaient quelques courses de Bastia. J'allais aussi de temps en temps les faire à Calvi : 40 kms aller-retour. Je comptais les interminables criques surplombant la mer...  Mon patron ne me donnait que très peu d'argent.  On était loin même, du SMIC, même de l'époque. Il m'avait bien promis en compensation, de me donner un bout de terrain et une cabane de berger en pierres sèches ;  mais il n'a jamais honoré sa promesse... Sans argent,  loin de tout, des tâches fatigantes, épuisantes, même pour mon âge et sans intérêt, le froid et le vent l'hiver, la chaleur souvent brûlante l'été ;  ma vie à 16 ans, n'était pas toujours facile, mais le paysage environnant était tellement époustouflant de beauté et de lumière que cela m'aidait à " tenir le coup". Je travaillerai chez lui durant 2 ou trois ans, puis ensuite, chez un berger Corse du hameau, qui me considérait  comme son  fils, chez lequel j'avais une vie familiale et un peu d'argent de poche. Je resterai chez lui deux ans. Il a été triste de me voir partir, il aurait eu l'intention de m'aider à acquérir un petit troupeau de moutons ou de chèvres et de me trouver une femme... J'avoue que les femmes Corses de l'époque, étaient sublimes... A 20 ans, à l'instar des jeunes Corses, j'espérais, non pas faire fortune  sur le Continent ( la métropole) que je connaissais, mais "gagner ma vie"...
De retour à Paris, j'ai un temps un peu galérer encore et dormi dans des centres d'hébergement. Aux abords de ces centres, des employeurs venaient régulièrement raccoller des employés. Je fus une fois embauché comme "Père-Noël" pour faire des photos avec des enfants, devant un grand magasin sur les boulevards, mais je ne fis pas l'affaire... Ensuite, par l'inspecteur d'une société  de gardiennage pour effectuer des remplacements... Je ferai ce boulot durant 40 ans, à Paris, puis à Nice, en tant qu'employe et aussi de cadre, où j'avais trouvé une compagne, niçoise, d'origine italienne, qui me donnera une fille.... et que je quitterai en 1992, pour une jeune femme kabyle, qui me donnera 2 enfants, et que je quitterai aussi en 2007. Puis, je passerai 8 ans de vie contemplative dans le petit village d'Aiglun,  90 habitants, répartis  en trois hameaux, dans la vallée de l'Esteron, à 80 kms de Nice et à 9 kms d'un arrêt de bus.
Je pense que mes 8 années passées au village d'Aiglun, entre montagnes, nature et vieilles pierres, ont contribué à voir la vie autrement... Mais j'avoue que durant les derniers temps passés à Aiglun, je n'avais plus l'enthousiasme des premiers temps. De plus, l'ambiance était altéré par de nouveaux venus au village qui se plaisaient à colporter des rumeurs infondées sur les uns et sur les autres...

En 2015,  j'eu l'opportunité de me rendre au Sénégal et de découvrir ce magnifique pays...

Depuis, je vis en partie à Nice et en partie au Sénégal, avec ma jeune compagne sénégalaise, avec encore plein de rêves et d'espoirs plein la tête, malgré la maladie... J'espère que je pourrai les concrétiser au Sénégal...

Je conserve de ces années passées en Corse, à une époque charnière entre une Corse traditionnelle finissante et une Corse moderne naissante, des souvenirs inoubliables de soirées passées en compagnie de bergers, à discuter, à rire, à chanter, à déguster, soupe, vin et fromage Corses... Mais impossible de revenir en arrière, car je pense que cette Corse traditionnelle n'existe plus... Il ne me reste que des souvenirs...

Concernant, Aiglun, j'y ai rencontré des personnes formidables, un homme en particulier, de plus de 20 ans mon aîné, passionné et passionnant, intarissable à propos de l'histoire des familles aiglenoises et de leurs petits secrets... Nous nous promenions une heure ou deux chaque après-midi,  d'un bout à l'autre de la route traversant le village ; et faisions quelques haltes sur les bancs, en particulier, sur le banc des anciens, adossé au mur de l'ancien cimetière, et faisant face aux montagnes, à la cascade de vegay et au soleil...

Tout le monde, ou presque, m'a oublié à Aiglun, toutefois ma grande fille, venue me voir au début de mon installation, séduite par la beauté de ce village, y a acheté une maison, pour s'y recueillir de temps en temps, et perpétue, malgré elle, mon souvenir...
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MES DESCENTES AUX ENFERS
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J'en ai connu principalement deux, l'une en 1980 et l'autre en 2001
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LA PREMIÈRE...

En 1979, j'avais fondé une association intitulé " Présence Evolienne" du nom du philosophe italien, Julius Evola, dont le but était, comme son nom l'indique, de faire connaître sa pensée. Je fus à ce titre contacté par des personnes de tous bords, censées penser, en particulier par des membres niçois d'un  groupe Nationaliste Révolutionnaire Européen, dont les activités locales, consistaient principalement à taguer les murs de la ville et à donner des interviews provocateurs aux médias de la région qui en étaient friands. Semaine après semaine, l'hebdomadaire communiste local, dénonçait l'activisme de ce groupe et en remettait une couche à propos de l'impunité qu'il bénéficierait...

Une lettre adressée au MRAP de Paris ( le MRAP est une dissidence communiste de la LICRA, pour ceux qui ne le savent pas) contenant une liste de personnalités juives de la région niçoise, suivie du message suivant complètement débile : " la prochaine fois le sang va couler", portant le tampon de ce groupe, postée de Paris, selon mes avocats, dont un bâtonnier, cette lettre aurait dû être mise directement à la poubelle par son destinataire, mais elle fut interprétée comme des " menaces de mort" à l'égard des personnalités contenues sur la liste jointe.

Je fus accusé, en octobre 1980, d'avoir eu en ma possession, une plaquette qui aurait servi à dactylographier cette liste, alors que la diffusion de ce document était publique ; puis, comme on n'a pas trouvé l'auteur des phrases manuscrites, je fus aussi accusé d'en être l'auteur. Et ce malgré toute une série d'invraisemblances, dont les lettres de la machine utilisée qui ne correspondaient pas aux miennes.  Bref, pour la police, la justice et les officines, qui m'avaient proclamé "'idéologue du groupe", j'étais responsable de tout l'activisme qui se déroulait en France à l'époque.  Je fus donc, arrêté, emprisonné et condamné pour des faits que je n'ai jamais commis et que je n'ai jamais eu connaissance, autrement que par les médias.
En prison, je fus durant 6 mois, victime de tous les sévices, maltraitances, menaces possibles, en toute impunité... Je suis ressorti de prison totalement brisé, malade et dépressif... Je suis resté plus d'un an au chômage.  J'ai fini par retrouver du travail dans la même profession, mais je n'étais plus le même...
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LA SECONDE...

Elle eut lieu en septembre 2001,

Je fis une  bulle dessinée, qui n'était pas la première, résumant l'actualité et dénonçant le racisme antimusulman ambiant ; que j'avais diffusé par fax, notamment.
Une police de la pensée porta plainte à ce sujet. Quelques jours après je fus interpellé à mon domicile par une escouade de policiers. L'un des policiers m'a demandé si j'étais l'auteur de ce dessin, j'ai répondu que j'en étais l'auteur. Je subirai ensuite, tant à mon domicile, que sur le trajet menant au commissariat, qu'à l'intérieur de celui-ci, séances de strangulation et toute une série d'entailles faîtes à l'aide d'un objet que je n'ai pu identifier, mais vraisemblablement électrique, vu les douleurs terribles ressenties.
Je suis resté 48 heures en garde à vue. On n' a pu me poursuivre et condamner pour le contenu de ma bulle ( ce n'est pas faute d'avoir cherché), car elle ne contenait rien de répréhensible au regard des lois ; mais j'ai été condamné pour " rébellion", du fait que je n'aurais pas voulu suivre les policiers au commissariat. Un classique, pour " justifier" les violences subies et contrecarrer ma plainte. J'ai déposé plainte pour les violences, sévices, actes de torture, mais elles n'ont pas abouti. J'ai été un temps handicapé à la suite de ses sévices. Après ces événements, j'ai essayé de me reconstruire, mais je demeure encore émotionnellement brisé et détruit. J'essaie bien sûr, de conjurer toutes mes peurs, mais presque 20 après,  j'arrive très difficilement encore, à les surmonter. Selon, les jours, à 72 ans, j'ai encore peur de tout et mon hypertension demeure élevée , malgré la prise régulière de médicaments et je souffre de problèmes cardio-vasculaires,  consécutifs à ces événements de 2001

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J'AIME
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Les hommes et les femmes hors du commun, par leurs idées et leur mode de  vie,  et plus particulièrement, ceux et celles, qui bousculent les idoles et  les tabous ; pour leur courage, leurs engagements et/ou leur vrai non-conformisme.

J'aime les hommes et les femmes qui ont tout quitté, travail, logement, parents, parfois, pour habiter et vivre autrement, selon leurs rêves...

J'aime des penseurs et des philosophes, tels que L.F. Céline, Nietzsche,  Ernst Jünger, Julius Evola., René Guénon, les éditeurs, Pinau Rauti, Franco Freda...

J'aime les penseurs Soufis, tels que Rumi, Attar, Al Maari, Kebir, kalil Gibran...

J'aime les poètes-vagabonds taoïstes tels que Han-Shan, Li Po...

J'aime les  libre penseurs, chercheurs, écrivains ou artistes contemporains, aussi différents, que Pierre Gripari, Pierre Hillard, Alain Soral, Dieudonné, Jacob Cohen ; et dans une moindre mesure,  Hervé Ryssen...

J'aime les explorateurs et les aventuriers tels que Paul-Émile Victor, Charles de Foucauld, Théodore Monod...

J'aime la musique soufie et les chants traditionnels de beaucoup de régions du monde : Catalogne, Corse, Sardaigne, Bosnie, Kabylie, Mongolie, Turque, Turkestan oriental...

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JE N'AIME PAS
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Les idéologies supremacistes et les supremacistes, sans éprouver de détestation, ni faire de fixations à leur égard, car la détestation, comme la fixation, sont des sentiments négatifs et destructeurs. Il faut viser à l'éradication du supremacisme et elle  ne pourra se faire que par l'application de l'égalité.

Je n'aime pas non plus, un certain nombre de politiciens et de philosophes " autoproclamés";  qui ne sont que les mercenaires du supremacisme...
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MES ÉMOTIONS
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Je suis toujours très ému devant la beauté de la nature : les fleurs d'un arbre, les couleurs des feuilles des arbres en automne, devant une montagne, une cime enneigée, la beauté d'un papillon, une fourmie. Devant l'innocence d'un enfant : son regard, son sourire et sans doute, ces espoirs... Devant la beauté et la fragilité d'une femme, des gestes de tendresse... La femme Corse éveillait en moi, jadis, ces sentiments. La femme kabyle aussi, aujourd'hui, au crépuscule de ma vie, c'est surtout la femme noire africaine, dans toutes ses attitudes et ses couleurs, qui éveille mes sentiments et mes émotions tout en étant fidèle à ma compagne que j'aime.

Daniel Milan

29 décembre 2019