Le "Timbré" de service.

Ceci est le premier président de la République française, et sans doute du monde,
à avoir eu son effigie reproduite en timbre poste, de son vivant, et avant même d'avoir été élu.

(Ce texte est suivi de la repoduction des timbres, et d'un article consacré
au Timbré, tiré du magazine de "Marianne")

Ce personnage unique et divin, ravissant et poilant, sorte d'UBU grotesque et sinistre
représentant les intérêts de l'Axe américano-sioniste, se nomme Nicolas SARKOZY.
Il a été élu en mai 2007, en Israël, un timbre poste à son effigie était produit et
vendu dès janvier 2007.

 

Ainsi, il y a des endroits dans le monde où on sait à l'avance qui sera le président de la
république en France.

Cette élection marque l'entrée de la France en régime totalitaire sioniste, et le basculement de
l'Europe dans le camp sioniste, tant est que la France était le dernier contrepoids d'importance
empêchant l'Europe de devenir qu'une simple région soumise au régime hégémonique
totalitaire mondial sioniste, un simple jouet.

Il est reconnu que SARKOZY est un quasi malade mental (voir l'article très documenté de "Marianne"
plus bas.

Ils n'ont trouvé que ce personnage pour jouer le rôle de commis des intérêts sionistes en France.

C'est dire le peu de gens de qualité que ce régime parvient à attirer.

Voici la reproduction de la planche de timbres poste émis en janvier 2007, en Israël, soit
trois mois avant l'élection effective d'UBU SARKOZY.

Il vient de désigner les membres de son gouvernement, sortes de fantoches sans colonnes
vertébrales de la collaboration. On y trouve de tout. Depuis l'harki de service, jusqu'à des
transfuges du PS, et même un professionnel de la Charity Buisiness.

Il ne manque que Johnny Halliday, pour l'aspect "domestique", "ancillaire", Enrico Mathias
pour la complainte chrevrotante du bourreau colonialiste, et le rapineur de faillites des tribunaux
de commerce Tapie.

Ce gouvernement est une énumération à la Prévert de fripouillons sur le retour.

On ne fait que commencer à rigoler.

Attachons nos ceintures.

Pour le moment, ils doivent avoir décidé de se la jouer cool, histoire de
ne pas se dévoiler trop tôt.

 

 

 

 

 

 

Lire à la fin de cette page, les explications fumeuses tirées du site desinfo.org,
qui comme honnêtement pour une fois, son nom l'indique est un site de désinformation, un peu naïf,
c'est à dire un peu "juste", sioniste.

 

 

Article paru dans "Marianne"

Glaçant ! Il a dit glaçant. Mais s’il ne l’avait pas dit ?


Car enfin, sept jours avant que François Bayrou ne laisse tomber ce glacial jugement,
le généticien Axel Kahn avait déjà, dans Marianne, agité le grelot. Ainsi Nicolas Sarkozy,
qui, déjà (ceci explique cela), voulait faire repérer chez les marmots de 2 ans les bourgeons
de la délinquance, avait pu, dans Philosophie Magazine, déclarer que, selon lui, la
pédophilie et le suicide des adolescents étaient d’origine génétique, qu’on était en quelque
sorte biologiquement programmé pour la déviance ou l’autodestruction, que l’action éducative
ou sociale n’y pouvait rien, le rachat ou la miséricorde divine non plus - retour terrifiant du
concept eugéniste du gène du crime - sans que, pendant dix jours, aucun journal quotidien ou
hebdomadaire, aucune radio ou télévision réagisse.
Ainsi, pour ne prendre qu’un exemple, avant la riposte bayrouiste, notre confrère le Monde, que
des dérapages de Le Pen qui allaient beaucoup moins loin faisaient immédiatement monter au
créneau, n’avait même pas consacré 10 lignes réprobatrices à cette stupéfiante rémanence
de l’idéologie socio-biologique de l’extrême droite païenne. Comme s’il était beaucoup plus
dangereux de tacler le patron de l’UMP que de stigmatiser le leader du Front national.
Comme si Sarkozy faisait peur.
Or cette sortie intervenait après l’annonce de la création, en cas de victoire de la droite,
d’un « ministère de l’intégration et de l’identité nationale », annonce qui avait littéralement
sidéré, et pour cause, la presse allemande, et dont même l’extrême droite autrichienne de
Jôrg Haider avait tenu à dénoncer les « nauséeux relents ». Et, surtout, après la série de
furieuses philippiques, telles qu’on n’en avait plus entendu depuis quarante ans, inimaginables
dans quelque pays européen civilisé que ce soit, relents de propagande stalinienne des
années 50 et de rhétorique fascisante d’avant-guerre, qui revenaient à décrire les concurrents
du leader UMP, qu’ils fussent centristes ou sociaux-démocrates, comme les candidats protégeant
les délinquants, le vol et la fraude, donc du crime, les suppôts des voyous, les représentants du
parti des malhonnêtes gens et de la dégénérescence morale, l’anti-France enfin, c’est-à-dire l’incarnation
de la haute trahison. Or, cela n’avait nullement empêché que Jean-Louis Borloo, même malheureux
comme les pierres, s’aplatisse ; que Simone Veil, fût-ce de la plus mauvaise grâce possible, assure
la claque et, dans un premier temps au moins, que les médias, presque tous les grands médias,
s’écrasent. Tant le personnage fait peur.

SES MOTS POUR LE DIRE

Pourquoi ? Parce que ses entreprises de séduction envoûtent. Parce qu’il dispose, partout, et
surtout dans les médias, d’amis dans la place et très haut placés ? Ou parce qu’on redoute la
brutalité de ses réactions ?

La preuve par l’affaire Azouz Begag. La scène se passe en 2006 : le ministre délégué à l’Egalité
des chances, interpellé à propos de quelques fortes saillies du ministre de l’Intérieur, s’excuse :
« Je ne m’appelle pas Azouz Sarkozy. » En guise d’agression, on a connu plus destructeur !
Aussitôt, explosion de fureur de Sarkozy qui menace « de casser la gueule de l’insolent » et lui
hurle, par saccades rageusement répétitives, qu’il est « un connard, un salaud, qu’il ne veut plus
jamais le voir sur son chemin ». On imagine, un instant, Malek Boutih racontant, dans un livre,
que Ségolène Royal lui a aboyé à la figure que François Hollande allait « lui casser la gueule »
parce qu’il aurait osé murmurer : « Je ne m’appelle pas Malek Royal. » Aussitôt, invitation sur
tous les médias à raconter l’histoire, comme l’ex-socialiste Eric Besson. Là, service minimum.
C’est Sarkozy qui a obtenu, comme toujours, le temps de parole. Pour expliquer que ce d était là
qu’infâme menterie. D’ailleurs, a-t-il expliqué sur iTélé, il « croit n’avoir jamais rencontré
Azouz Begag ». Surréaliste ! Depuis deux ans, ils font partie du même gouvernement. On imagine ce
que signifierait le fait qu’effectivement, bien que siégeant sur les mêmes bancs et participant aux
mêmes conseils, Sarkozy ait refusé de voir Begag !

Pour une fois, cependant, le démenti sarkozyen fait flop. Tout le monde sait, en effet, que les mots
que rapporte Azouz Begag sont les siens et pas les pires ; que ces derniers jours, par exemple, il n’a
cessé de traiter de « connards » ses propres conseillers et animateurs de campagne, accusés d’être
responsables de la moindre difficulté de campagne. Un article qui le défrise dans Libération ? Il
téléphone au propriétaire, qui est un ami : « Vous êtes un journal de merde ! Avec des journalistes
de merde ! » Il refuse, contrairement à Royal et à Bayrou, pourtant très maltraité par Libé, de se
rendre dans ce journal pour un entretien avec la rédaction : « Libé n’a qu’à se déplacer ! ». Il
considère qu’il n’a pas été reçu à France 3 national avec les honneurs qui lui sont dus. A l’adresse
de la direction il hurle : « Si je suis élu, je vous ferai tous virer ! »

INSULTES...

C’est d’ « enculés » que se font traiter les confrères d’une radio qui lui ont apparemment tapé sur
les nerfs... qu’il a sensibles. Il soupçonne un journaliste d’être favorable à François Bayrou. « Ils
couchent ensemble », commente-t-il. Evoquant certains de ses adversaires, il prévient, carnassier :
« je vais tous les piquer. Les niquer ! » Plus macho, tu ouvres un harem. Parlant de Michèle Alliot-Marie,
qu’il soupçonnait, à tort, d’avoir joué un rôle trouble dans l’affaire Clearstream, ne l’appelle-t- il pas
« la salope » ? L’économiste et expert financier Patrick Artus critique certaines propositions du candidat
UMP Il reçoit aussitôt un mail de son chef de cabinet « On s’en souviendra ! » Même expérience rapportée
par un industriel qui eut le malheur de déplaire « On se retrouvera. On est pour moi ou contre moi ! »
« Je n’ai jamais été confronté, raconte ce patron, à un entourage aussi agressif, aussi belliqueux. »
Pourquoi le préfet Dubois, responsable des relations presse de la Préfecture de police, est-il débarqué
du jour au lendemain : parce qu’il aurait ricané des ennuis conjugaux du ministre !
Une enquête télé avait été réalisée dans les Hauts-de-Seine. Elle montrait l’incroyable pesanteur
des pressions (avec carotte et bâton, promesses et chantage) qui se sont exercées sur les élus UDF
de ce « Sarkoland » pour qu’ils lâchent Bayrou. L’enquête en question a été « trappée », comme on dit,
sur ordre de la direction. Elle aurait déplu ! Sur une radio, interdiction a été faite à un confrère de rappeler,
statistiques à l’appui, que le bilan du ministre en matière de sécurité n’est pas bon. Ça eût dérangé !

IL N’A PLUS BESOIN D’INTERVENIR

Or, comme on ne prête qu’aux riches, on soupçonne systématiquement Sarkozy d’être intervenu.
Mais, le plus souvent, ce n’est pas le cas. Ce n’est pas la peine. Il n’a même pas besoin. Quand Paris
Match avait publié un reportage sur les amours new-yorkaises de Cécilia et de son chevalier servant,
il avait, effectivement, proclamé à la cantonade qu’il aurait la peau du directeur de la rédaction,
Alain Genestar. Mais il en resta là. Mieux il obligea Arnaud Lagardère à attendre plusieurs mois
avant de le virer. Au Journal du dimanche, mieux encore : parce qu’il avait appris qu’on s’apprêtait à
virer le directeur de la rédaction du journal, soi-disant pour lui complaire, il n’intervint cette fois, après
avoir reçu et sans doute retourné le confrère, que pour exiger qu’il reste en place. Il a même tenu à donner
son avis sur la journaliste politique que devrait embaucher une radio et sur le directeur que ne devrait
pas engager Libération ! Ne prend-il pas un malin plaisir à lancer aux journalistes qui lui font cortège :
« je connais très bien votre patron. Je sais ce qui se passe dans votre rédaction. »

On s’interroge donc : outre ses très fortes accointances avec les grands patrons des groupes de médias,
est-ce la crainte qu’il suscite, la peur des représailles s’il est élu, qui expliquent cette relative impunité
dont bénéficie Sarkozy quand il tient des propos ou prend des initiatives qui, venant de Le Pen ou de
Ségolène Royal, provoqueraient une irruption réprobatrice dans le landernau ?

Pourquoi toutes ces angoisses affichées en privé, peut-être excessives, mais qui ne s’expriment jamais
en public : cette star de la télévision évoque, en cas de victoire du candidat UMP, « un risque de contrôle
quasi totalitaire des médias » ; cette consœur de LCI se dit « terrorisée à l’idée d’une présidence sarkozyste » ;
cette journaliste du Figaro, qui connaît bien le candidat, et livre une description effectivement assez dantesque
de son caractère. Mais pas question de se dévoiler. Il fait peur. « Ma rupture avec lui, confie Jean-François
Probst, ex-secrétaire général adjoint du RPR des Hauts-de-Seine et collaborateur de Charles Pasqua,
c’est le gaullisme. Je voulais, j’espérais qu’il serait l’homme de rassemblement. Or, il ne cesse de semer
la division. Et j’ai passé l’âge de me laisser impressionner par un Hortefeux hystérique. » Mais les autres ?

LES CONFRÈRES ETRANGERS OSENT, EUX !

Les confrères étrangers, eux, n’ont évidemment pas ces pudeurs. Le correspondant à Paris d’une
radio suédoise interroge tout de go : « Sarkozy ne représente-t- il pas un risque de dictature ? »
Un journaliste de la télévision croate qui a suivi le candidat dans ses pérégrinations en dresse un
portrait, d’ailleurs exagéré, à faire dresser les cheveux sur la tête. Le Süddeutsche Zeitung Munich
dépeint « un macho sans scrupule et brutal qui joue avec la peur des gens ». Le Frankfurter Allgemeine
Zeitunglui décerne le prix de « l’homme politique le plus ambitieux et plus impitoyable d’Europe qui n’a
pas de vraie conviction, mais s’aligne sur l’humeur du peuple ». Le quotidien espagnol El Pais voit en
lui un héritier populiste des « régénérationnistes de la droite espagnole de la fin du XIX> siècle ». Le
Tageszeitung de Berlin (de gauche, il est vrai) décrit un George Bush tricolore qui veut imposer en
France l’idéologie de la droite néoconservatrice américaine. La presse italienne insiste sur sa proximité
avec la droite postfasciste de la péninsule (qui s’est, avec Gianfranco Fini, ouverte à la modernité). Si
la presse conservatrice britannique identifie volontiers, avec admiration, Sarkozy à Mme Thatcher,
la plupart des journaux européens, en particulier scandinaves, l’assimilent plutôt à un aventurier
néobonapartiste qui représenterait une grave menace pour la démocratie.

LA PEUR DE LA TRAPPE

En France, en revanche, tout se passe comme si ce type d’analyse était indicible. On n’ose pas. On a peur.
De quoi ? Des représailles si Petit César l’emporte ? De la trappe qui s’ouvrira aussitôt ?
Celle qui s’est ouverte, par exemple, sous les pieds de la députée UMP Nadine Morano. Elue de Lorraine,
fervente sarkozyste, talentueuse femme de tempérament, n ayant pas froid aux yeux, elle faisait partie de
la task force du candidat. Et, soudain, à la trappe ! Officiellement, parce qu’un reportage diffusé sur
France 3 lui a attribué un rôle un peu ridicule. Mais il se trouve qu’étant l’une des rares à oser s’adresser
avec franchise à son héros elle lui avait fait remarquer que, entouré d’une nuée de courtisans qui passaient
leur temps à chanter ses louanges et sa gloire, il était devenu allergique à la moindre remarque critique.
Elle s’était en outre inquiétée de sa tendance à s’immerger compulsivement dans les sondages qui lui
renvoyaient constamment sa propre image. Résultat : out ! « Cramée », disent les « bonnes camarades »
de la pécheresse. Il fait peur.
Eh bien, il est temps de soulever cette chape de plomb. De braver cette conspiration du silence.

CATHERINE NAY ENTRE LES LIGNES

Il y a quelques mois, Guillaume Durand consacrait deux heures de son émission « Esprits libres »,
au livre plutôt hagiographique de Catherine Nay consacré à Nicolas Sarkozy. Les livres hostiles au candidat
UMP, assez nombreux, n’ont jamais eu cette chance. Or la lecture de cet ouvrage, honnête malgré tout,
laisse une impression étrange. Certes il est censé vanter les qualités du « grand homme » ; mais, en même
temps, et au second degré, il en dresse un portrait psychologique extraordinairement préoccupant : celui
d’un homme dont l’unique véritable sujet de préoccupation est lui-même, sa propre saga et sa quête
obsessionnelle du pouvoir. L’histoire qui le fascine, c’est la sienne ; de l’humanité, il ne retient que sa
part ; son ascension, à quoi se réduit son seul idéal, débouche sur l’arrivée au sommet qui constitue son
seul rêve. Il ne lit qu’un livre, celui dont son ambition constitue la trame. N’écoute qu’une seule musique,
celle qui lui permet sans répit de chanter son épopée. Aucune ouverture sur une autre perspective que
celle dont sa personne dessine l’horizon, sur un autre monde que celui dont il occupe le centre.

Analyse-t-il les changements qui se produisent autour de lui, dans la société ? Non... Mais, sans cesse,
il revient sur le seul changement qui l’obsède et rythme ses discours : son propre changement, dont
il fait comme un ressort. « C’est vrai, explique-t-il à Catherine Nay, j’étais égoïste, dépourvu de toute
humanité, inattentif aux autres, dur, brutal... Mais j’ai changé ! » Sans cesse ensuite, au grand désarroi
de ceux qui l’idolâtraient quand il était, à l’en croire, si mauvais, il fera l’aveu de tout ce que lui reprochent
ses adversaires pour mieux magnifier l’ampleur des métamorphoses par quoi il se transcende. Quitte à se
révéler, à l’usage, plus égotique et plus brutal encore. Au philosophe Michel Onfray il déclare, dans
Philosophie Magazine : « Je vais peut-être vous consterner, mais je suis en train de comprendre la gravité
des choix que j’ai faits. Jusqu’à présent, je n’avais pas mesuré. »

IL N’A PAS LE DROIT DE LE DIRE

Finalement, le livre de Catherine Nay, bien que non suspect de malveillance, ne révèle-t-il pas une
certaine folie et des pulsions autocratiques chez cet homme qu’elle qualifie elle-même de « bonapartiste » ?
L hypothèse formulée suscite, aussitôt, une levée de boucliers indignée sur le plateau de l’émission.
On n’a pas le droit de dire ça ! Verboten ! Le directeur du Point, Franz-Olivier Giesbert, siffle le hors-jeu.
Lequel Giesbert, pourtant, ne se gêne nullement pour déclarer Dominique de Villepin passible de l’asile
d’aliénés. Un talentueux éditorialiste de droite convient, en coulisse, qu’il y a « un vrai problème ! ». Halte là !
On n’a pas le droit de dire ça ! C’est tabou !

Pourtant, sur toutes les ondes. Eric Besson, l’ex-responsable socialiste, a pu expliquer que Ségolène Royal,
Bécassine dangereusement allumée, déjà comparée par Brice Hortefeux à Pol Pot, au fasciste Doriot
et à Staline, représente un mixte du maréchal Pétain et du général Franco.

Concernant Chirac, Villepin, Le Pen ou José Bové, on peut également tout oser. Ce n’est qu’à propos de
Nicolas Sarkozy qu’on n’aurait « pas le droit de dire ça ! ». Mais qu’en revanche il serait loisible, comme
Paris Match la semaine dernière, de lui consacrer, sur des pages et des pages, des dithyrambes grotesques
dignes de Ceausescu, certains journalistes de ce magazine dussent-ils nous avouer qu’ils en auraient « pleuré
de honte », mais qu’on ne peut rien contre un ordre d’en haut ! (L’Express a même fait, sur deux pages,
ce titre ubuesque : « Sarkozy : il gardera son calme. »)

ET, POURTANT, EN PRIVE, ILS LE DISENT

Tous les journalistes politiques savent, même s’ils s’interdisent (ou si on leur interdit) d’en faire état,
qu’au sein même du camp dont Sarkozy se réclame on ne cesse de murmurer, de décliner, de conjuguer.
Quoi ? Ça ! Lui confier le pouvoir, c’est, déclara Jacques Chirac à ses proches, « comme organiser
une barbecue partie en plein été dans l’Estérel ». Claude Chirac a, elle, lâché cette phrase : « J’aurais
préféré Juppé. Lui, au moins, c’est un homme d’Etat. » Le ministre libéral François Goulard ne le dissimule pas :
« Son égotisme, son obsession du moi lui tient lieu de pensée. La critique équivaut pour lui à une déclaration
de guerre qui ne peut se terminer que par la reddition, l’achat ou la mort l’adversaire. » Sa principale faiblesse ?
Son manque total d’humanisme. « Chirac, lui, a le souci des autres, de l’homme. Sarko écrase tout sur
son passage. Si les Français savaient vraiment qui il est, il n’y en a pas 5 % qui voteraient pour lui. »

Un des plus importants hiérarques l’UMP, officiellement soutien fervent d candidat (comment faire
autrement ?) renchérit : « Sarkozy, c’est le contraire l’apaisement. Chirac, vous verrez, on regrettera.
Lui, il n’a jamais eu de mots violents. » « Attention, met en garde le minis de l’Agriculture, Dominique
Bussereau, on va très vite à la révolte aujourd’hui. « La France, c’est du cristal », dit, inquiet
Jean-Pierre Raffarin.

Dominique de Villepin a mis sa langue dans sa poche. Il n’en pense pas moins... que Sarko « a loupé sa
cristallisation » ; que « sa violence intérieure, son déséquilibre personnel, l’empêchent d’atteindre à hauteur
de la présidence ». Les chiraquiens du premier cercle, Henri Cuq (ministre délégué aux Relations avec le
Parlement) ou Jérôme Monod, le conseiller, ne veulent pas déroger à la consigne du silence. Mais, en petit
comité, les mêmes mots reviennent : « Ce garçon n’est pas mûr. Il n’est pas fini. Il a un compte à régler avec
la vie qui le pousse à créer de l’affrontement partout, et non à rassembler. » D’autres brodent « C’est un
enfant qui n’atteindra jamais l’âge adulte. » A quoi Roselyne Bachelot réplique : « Mais tous les hommes
sont immatures ! » On ne parle plus, on n’ose plus parler, comme hier du moins tout fort -, de « malfrat » ou de
« petit voyou » (pourtant, ce qu’on l’a entendu !). Mais, dans les coulisses de l’Elysée, on laisse simplement
tomber : « On fait confiance au peuple français ! » Et, justement, il y a encore trois semaines, on se communiquait,
en jubilant, les sondages qui indiquaient une montée en puissance de François Bayrou. Non point qu’on l’aime,
celui-là, ce « démocrate-chré tien jésuitique » mais, enfin, on ne va pas « laisser la France tomber entre les mains
de Catilina », dangereux aventurier populiste romain dénoncé par Cicéron.

COMME UNE BANDE DES « CITES »

Un député UMP spécialiste des problèmes juridiques, eut le malheur de s’opposer au ministre de l’Intérieur à
propos des « peines plancher ». Il est, et reste, sarkozyste. Pourtant, il fait part de son effarement. Cette
simple prise de distance lui valut d’être désigné du doigt, menacé de représailles, ostracisé parle clan avec
une violence « digne d’une bande des cités ». C’est d’ailleurs un ex-haut responsable du RPR qui raconte :
« En septembre 1994, aux journées parlementaires de Colmar, alors que Balladur était donné gagnant par
tous les sondages, on eut affaire à la garde rapprochée de Sarkozy.

Elle respirait l’arrogance, elle y allait de toutes les menaces. On disait aux députés restés fidèles à Chirac
qu’il allait "leur en cuire" »L’ancien vice-président du RPR des Hauts-de-Seine Jean-François Probst
confirme : « Sarkozy croit toujours, comme en 1995, qu’il peut intimider les gens. Quand je l’ai rencontré,
dans les années 80, il avait déjà ses qualités - énergie, ténacité -, et ses défauts, dont j’imaginais qu’il les
corrigerait. Je pensais, notamment, qu’il comblerait son inculture. Bernique ! Il n’a fait que courir d’une
lumière l’autre. Il est fasciné par ce qui brille, les nouveaux riches, le show off, les copains à gourmettes
même s’ils trichotent avec les règles communes, Tom Cruise qu’il reçoit à Bercy, ébloui, et fait raccompagner
en vaporetto. »

Bien sûr, si les chiraquiens maintenus, les derniers villepinistes, les ultimes vrais gaullistes, quelques libéraux
ou ex-centristes ralliés à l’UMP confient, à qui veut les entendre (mais les journalistes qui les entendent
n’en rapportent rien), que l’hypothèse d’une présidence Sarkozy les terrifie ; qu’il y a « de la graine de
dictateur chez cet homme-là » ; que, constamment, « il pète les plombs », de très nombreux élus UMP, les
plus nombreux, sont devenus des groupies enthousiastes de l’homme qui seul peut les faire gagner et dont
personne ne nie les formidables qualités de battant. Et le courage. Mais même eux n’étouffent pas totalement
leur inquiétude et soulignent volontiers sa violence. « Oui, c’est vrai, reconnaît l’un d’eux, il antagonise,
il clive, il joue les uns contre les autres avec la plus extrême cruauté. » « Il n’est vraiment totalement humain,
confie un autre, que quand il s’agit de lui-même. » « Il a un problème de nerfs, de paranoïa, admettent-ils tous,
mais il s’arrange, il mûrit, il se densifie. » Voire...

UN LOURD SECRET

Donc, il y aurait, s’agissant du caractère de Sarkozy et de son rapport à la démocratie, comme un lourd secret
qui, au mieux, préoccupe ses amis, au pis, angoisse ou affole ceux qui savent, un terrible non-dit dont bruissent
les milieux politico-journalist iques, mais que les médias s’interdisent, ou se voient interdire, de dévoiler.
Il fait peur ! La gauche elle-même participe de cette occultation. Sans doute s’attaque-t- elle à Sarkozy,
parfois même avec outrance et mauvaise foi. Mais que lui reproche-t-elle ? D’être de droite, ou même,
stigmatisation suprême, une sorte de « néoconservateur américain à passeport français », comme le clamait
Eric Besson avant de retourner sa veste. Est-ce un crime ? La diabolisation de la différence est aussi
contestable venant d’un bord que de l’autre. Le débat démocratique implique qu’il y ait une gauche, un centre,
une droite, cette dernière n’étant pas moins légitime que ses concurrents. De même qu’une partie de l’opinion
reproche au PS d’avoir trahi l’idéal socialiste ; de même une autre partie, importante, estime que Jacques
Chirac a blousé son électorat en menant une vague politique de « centre gauche » et exige un fort coup de
barre à droite.

C’est cette aspiration « à droite toute » que Sarkozy incarne avec énergie et talent. Le combattre
n’exige nullement qu’on criminalise a priori cette incarnation.

IL EST DE DROITE, ET APRES ?

Oui, Sarkozy, en son tréfonds - et même si on l’a convaincu de ne plus rien en laisser paraître -, est
« atlantiste » et entend rompre avec la politique gaulliste d’« orgueilleuse » prise de distance à l’égard des
Etats-Unis. Oui, il se réclama de George Bush à l’époque où celui-ci triomphait ; oui, il est le candidat quasi
unanimement soutenu par le CAC 40, le pouvoir financier et la très haute bourgeoisie ; oui, ses convictions
en matière économique et sociale en font plus le disciple de Mme Thatcher que de Philippe Séguin ; oui, il se
sent beaucoup plus proche du modèle néolibéral anglo-saxon que du modèle français mixte tel que l’ont façonné
les gaullistes, les sociaux-démocrates et les démocrates-chré tiens. Le publicitaire Thierry Saussez, qui lui est
tout acquis, explique que « sa manière de faire de la politique renvoie à ce que les patrons et les salariés vivent
dans leurs entreprises ». Tout est business.

Mais, finalement, en tout cela, il ne se distingue guère des droites européennes qui, comme lui,
veulent démanteler l’Etat providence et approuvèrent la guerre de George Bush en Irak.

Au demeurant, son pragmatisme, son cynisme même, son « populisme » de tonalité bonapartiste, son
intelligence instinctive, ne permettent nullement de le décrire en ultralibéral ou en idéologue illuminé.
Enfin, même si sa proximité avec la droite néofranquiste espagnole ou berlusconienne italienne n’en fait
effectivement pas un « modéré », loin de là, et même si la rhétorique agressivement extrémiste qu’il déroule,
depuis quelques semaines, le déporte loin du centre, le qualifier de « facho » ou de « raciste », comme s’y
risque l’extrême gauche, est une stupidité.
Pourquoi faudrait-il (à condition de ne pas abuser des camouflages logomachiques comme le fait le
champion UMP quand il cite jean Jaurès ou multiplie les envolées « ouvriéristes ») que se situer à droite
constitue, en soi, un délit ? On accuse également Sarkozy, ici de soutenir « l’Église de Scientologie »,
et là d’avoir promis à Chirac une amnistie contre son soutien. Mais il n’existe aucune preuve.
Donc, on ne retient pas.

CETTE VERITE INTERDITE

Le problème Sarkozy, vérité interdite, est ailleurs. Ce que même la gauche étouffe, pour rester sagement
confinée dans la confortable bipolarité d’un débat hémiplégique, c’est ce constat indicible : cet homme,
quelque part, est fou ! Et aussi fragile. Et la nature même de sa folie est de celle qui servit de carburant,
dans le passé, à bien des apprentis dictateurs.

Oh, évidemment, cela se murmure, au point même de faire déjà, au sein de la couche supérieure de la France
qui sait, et au fond des souterrains de la France qui s’en doute, un boucan d’enfer. Les médiateurs savent,
les décideurs le pressentent. Mais les uns et les autres ont comme signé un engagement : on ne doit pas, on
ne doit sous aucun prétexte, le dire.
Etrange atmosphère que celle qui fait que, dans cette campagne électorale, ce qui se dit obsède peu, mais ce
qui obsède énormément ne se dit pas ; que ce dont on parle au sein des médias et chez les politiques, les
médias, précisément, et les politiques n’en parlent pas !

« Fou », entendons-nous : cela ne rature ni l’intelligence, ni l’intuition, ni l’énergie, ni les talents du personnage.
« Fou » au sens, où, peut-être, de considérables personnages historiques le furent ou le sont, pour le meilleur
mais, le plus souvent, pour le pire. Ecoutons ce que nous confie ce député UMP, issu de l’UDF, officiellement
intégré à la meute « de Sarkozy » : « On dit qu’il est narcissique, égotiste. Les mots sont faibles.

Jamais je n’ai rencontré une telle capacité à effacer spontanément du paysage tout, absolument tout, ce qui ne
renvoie pas à lui-même. Sarko est une sorte d’aveugle au monde extérieur dont le seul regard possible serait
tourné vers son monde intérieur Il se voit, il se voit même constamment, mais il ne voit plus que ça. »

PLUS FORT QUE LUI...

Au fond, où est le mystère ? Sarkozy, c’est peut-être une qualité, est transparent. Aux autres et à lui-même.
Moins il regarde, plus il se montre, s’affiche, se livre. D’autant, comme le reconnaît un publicitaire qui a
travaillé pour lui, qu’il ne sait pas se réfréner, se contraindre. « Il est tellement fort, ajoute-t-il drôlement,
qu’il est plus fort que lui. » La raison ne parvient jamais à censurer son tempérament. Prompt à interdire,
il ne sait pas s’interdire. Quelque chose en lui, d’irrépressible, toujours, l’entraîne au-delà. « Sur un vélo,
rapporte Michel Drucker qui a souvent pédalé à ses côtés, même quand il s’agit d’une promenade, il se
défonce comme s’il devait constamment battre un record. »

Tous ses proches emploient spontanément la même expression : « Il ne peut pas s’empêcher » Par exemple,
de dire du mal de Chirac, même quand la prudence exigerait qu’il s’en abstienne. Ainsi, en 1994, cette salve :
« L’électroencéphalogra mme de la Chiraquie est plat. Ce n’est plus l’Hôtel de Ville, c’est l’antichambre de la
morgue. Chirac est mort, il ne manque plus que les trois dernières pelletées de terre. » Il ne peut pas s’empêcher,
non plus, de se livrer à un jubilatoire jeu de massacre en direction de ceux, de son propre camp, qui ne sont pas
de sa bande ou de sa tribu. « Jamais, peut-être, un leader politique n’avait aussi systématiquement pris son
pied- dixit une de ses victimes au sein de l’UMP-à assassiner, les unes après les autres, les personnalités de
son propre camp pour, après le carnage, rester seul entouré de ses chaouches. »

Après la défaite de 1995, ne s’est-il pas livré, dans le journal les Echos, sous pseudonyme, à une descente
en flammes de ses propres comparses : François Fillon ? « Un nul qui n’a aucune idée. » Michel Barnier ?
« Le vide fait homme. » Philippe Douste-Blazy ? « La lâcheté faite politicien. » Alain Juppé ?
« Un dogmatique rigide. Fabius en pire. » Quant à Villepin, il s’est plu, si l’on en croit Franz-Olivier Giesbert,
à lui promettre de finir « pendu au croc d’un boucher ». Vis-à-vis des autres, fussent-ils des amis politiques,
aucune tendresse ! Jamais !

IL SUFFIT DE L’ÉCOUTER

Sarkozy, il suffit, au demeurant, de le lire ou de l’écouter. De quoi parle-t-il ? De lui. Toujours.
Compulsivement. Psychanalytiquement . Que raconte-t-il ? Lui ! Qui prend-il comme témoin ? Lui !
Qui donne-t-il en exemple ? Lui ! Il est, jusqu’au délire parfois, sa propre préférence. Jamais hors « je ».
Ce « je » qui, à l’entendre, est forcément « le seul qui », « le premier à », « l’unique capable de »,
« le meilleur pour ». Comme si l’univers tout entier était devenu un miroir qui ne lui renvoie plus que son
reflet, quitte à entretenir constamment chez lui l’angoisse que le miroir lui dise un jour, comme à la
marâtre de Blanche Neige, qu’il n est « plus la plus belle ».

C’est pourquoi, d’ailleurs - et même ses proches s’en effarent-, il vit constamment immergé dans les enquêtes
d’opinion, qui, plusieurs fois par jour, ont pour objet de le rassurer sur l’évolution de son image. Un argument
ne passe pas ? On y renonce. Un mot fait tilt ? On le répète à satiété. Une peur s’exprime ? On la caresse
dans le sens du poil. Le public veut des expressions de gauche ? On lui en servira. Une musique d’extrême
droite ? On la lui jouera. Il a même été jusqu’à faire l’éloge de la violence sociale... des marins pêcheurs.

Il commande tellement de sondages qu’il est devenu le meilleur client de certains instituts, qui, du coup,
ont quelques scrupules à ne pas satisfaire son contentement de soi. Il a même réussi à inspirer à l’Ifop
des sondages, publiés dans le Figaro, dont les questions quasiment rédigées par son entourage (sur l’affaire de
Cachan ou la polémique avec les juges) ne permettaient pas d’autres réponses que celles qui le
plébiscitaient.

IL EST « LE SEUL QUI... »

Etrangement, si, constamment confronté à son reflet, il ne cesse d’intervenir pour en corriger les ombres,
sa capacité d’écoute (ou de lecture) est extrêmement faible. Invite-t-il des intellectuels médiatiques à
déjeuner au ministère de l’Intérieur que l’un d’eux, Pascal Bruckner (qui pourtant le soutient), explique que,
loin de s’imprégner de leurs analyses, il a pratiquement parlé tout seul. Reçue par lui, la démographe Michèle
Tribalat lui écrit « J’ai pu apprécier votre conception du débat. Vous n’imaginez pas qu’un autre point de vue
(que le vôtre) présente un quelconque intérêt. » D’ailleurs, il refuse les débats. Lors de ses prestations
télévisées, on s’arrange pour qu’il n’ait jamais de vrais contradicteurs pouvant exercer un droit de suite.
Le plus souvent, il choisit, d’ailleurs, lui-même les autres intervenants.

Cette abyssale hypertrophie du moi, à l’évidence, entretient chez Sarkozy cette hargne de conquête, de
contrôle, cette boulimie de pouvoir exclusif, le conduit à éradiquer toutes les concurrences potentielles
et à neutraliser, à étouffer contestations et critiques. Il suffit, d’ailleurs, de l’écouter, mais aussi de le regarder
« être » et « faire ». Jamais il ne se résout à n’être qu’un membre, fût-ce le premier, d’un collectif.
Forcément l’unique, le soleil autour duquel tournent des affidés. D’où sa prédilection pour un entourage
de groupies de grandes qualités et de grands talents, à la vie à la mort, « une garde rapprochée » comme
on dit, mais aussi de porte-serviettes et de porte-flingues, de personnages troubles encombrés de
casseroles et de transfuges. Avec eux, peu de risques !

DOUBLE DISCOURS

Il y a, chez Sarkozy, une incroyable dichotomie du discours (ou plutôt du double discours). Seul peut l’expliquer le
fait que le rapport à lui-même est, chez lui, à ce point central que cette centralité de l’ego épuise en elle-même,
et donc en lui-même, toute contradiction. Ainsi, au lendemain de ses brutales tentatives de criminalisation de
ses concurrents, Bayrou l’ayant épinglé sur l’affaire du déterminisme génétique, il déclare benoîtement
« Un candidat devrait s’abstenir de toute attaque contre ses adversaires ! » Le jour même où il décide de
jouer à fond, contre les candidats qui lui sont opposés - et avec quelle violence ! -, la stratégie guerrière de
l’affrontement manichéen, il présente un opuscule dans lequel il explique (sous la rubrique « J’ai changé »)
qu’il eut, certes, sa phase brutale, mais qu’il est désormais totalement zen et apaisé. Azouz Begag, dans son
récit, rapporte que, lorsqu’il osa critiquer l’emploi du mot « racaille », le ministre de l’Intérieur hurla qu’il
s’agissait d’un scandaleux manque de solidarité gouvernementale, qu’il était inconcevable qu’un ministre
critique un collègue. Or, depuis des mois, il avait lui-même déclenché un tir nourri contre Chirac et Villepin,
son président de la République et son Premier ministre.

D’une façon générale, il en appelle volontiers à une solidarité sans faille des siens, tout son camp devant se
mettre à sa disposition, mais, pendant la crise du CPE, alors qu’il avait lui-même, le premier, préconisé ce
type de contrat de travail, non seulement il en pointa soudain l’inanité et exigea son retrait, mais, en outre,
il incita l’un des leaders de la révolte estudiantine à « tenir bon ». Il s’agissait, évidemment, d’achever
Villepin.

COMME ON ASSASSINE TOUS LES CONCURRENTS...

A entendre les chiraquiens, même ceux qui se sont ralliés à son panache, c’est lui, Sarkozy, qui, ministre
du Budget de Balladur, lança la justice sur la piste du scandale des HLM de Paris après que, dans
l’espoir d’un étouffement, l’industriel Poullain, le patron d’une société de revêtement, e emmené le dossier
à son lieutenant, Brice Hortefeux. Objectif ? Abattre Chirac ! C’est lui encore, prétendent-ils, qui aurait fait
révéler, au Canard enchaîné, l’affaire d l’appartement d’Hervé Gaymard, en qui voyait un adversaire.

C’est lui encore q fit distiller, dans la presse, de quoi faire continuellement rebondir le feuilleton du scandale
Clearstream transformé e machine à broyer et achever Dominique de Villepin. Quand, dans un grand meeting
parisien, il lança que la victoire d oui au référendum européen permettrait de sortir, enfin, du modèle social
fiançai n’était-il pas conscient qu’il favorisait de sorte le camp du non et, par voie de conséquence, plombait le
pauvre Jean-Pierre Raffarin ? Autrement dit, soyez avec moi qui ai profité de toutes les occasions pour être
contre vous. En fait Sarkozy vit ses contradictions comme une cohérente unicité de parcours dès lors que
c’est lui, l’unique, le point central, qui porte et justifie cette cohérence. Ainsi, lorsqu’il accuse ses concurrents,
de gauche ou centristes, d’être les candidats de la fraude, de la voyoucratie et de la dégénérescence morale,
c’est le jour où Tapie, l’un des rares affairistes qui lui manquait encore, se rallie à lui.

FAILLITE MORALE, DIT-IL

Quelle capacité d’auto-amnistie cela révèle !

Car, enfin, se faire, fût-ce en partie, offrir un luxueux appartement aménagé par le promoteur qu’on
a systématiquement favorisé en tant que maire, et dans l’espace dont on a, toujours comme maire, financé
l’aménagement, est-ce un exemple d’attitude hautement morale ? Permettre, après qu’on fut devenu ministre,
à son ancien cabinet d’avocats, en partie spécialisé dans les expulsions de locataires après vente à la
découpe, de continuer à porter son nom - société Arnault Claude Nicolas Sarkozy-, ce qui s’avère
d’autant plus intéressant qu’on continue à détenir un gros paquet d’actions et à toucher des dividendes -,
est-ce le modèle même du comportement impitoyablement moral ? Publier un livre consacré à l’ancien
ministre Georges Mandel qui se révèle, pour partie au moins, être un plagiat coupé-collé de la thèse
universitaire de Bertrand Favreau, certaines erreurs comprises, est-ce la quintessence du
moralisme intégral ?

Est-ce une moralité sans faille qui permit à Thierry Gaubert d’organiser son vaste système de gestion
arnaqueuse du 1 % logement dans les Hauts-de-Seine à l’ombre des réseaux sarkozystes dont il fut,
un temps, l’un des principaux rouages ? Est-ce sous le drapeau de la moralité qu’on envoya de gros
clients très évasifs au banquier suisse Jacques Heyer qui, d’ailleurs, consuma leur fortune (celle de
Didier Schuller en particulier) ? Les rapports d’affaires (ou de tentatives d’affaires) avec
l’intermédiaire saoudien Takieddine étaient-ils placés sous le signe de l’intégrisme moral ?
Le soutien constant apporté aux intérêts du groupe Barrière dans les casinos et les machines
à sous ne fut-il dicté que par des considérations moralistes ? Pourquoi, enfin, avoir promis de
rendre public son patrimoine et être le seul à s’en être abstenu ?

UN SYSTEME CLANIQUE

Sarkozy n’est pas du tout un malhonnête homme. Simplement il est, fût-ce à son corps défendant, le pur
produit d’un système, celui du RPR des Hauts-de-Seine, dont Florence d’Harcourt, l’ex-députée gaulliste
de Neuilly, a crûment décrit l’irrépressible mafiosisation, renforcée par le déferlement des flux financiers
immobiliers générés par le développement du quartier de la Défense, dont Sarkozy tint d’ailleurs à présider
l’établissement public.

Son suppléant, en tant que parlementaire, fut d’ailleurs le maire de Puteaux, Charles Ceccaldi-Raynaud,
puis sa fille qui, bien qu’adjointe à la mairie de Puteaux, bénéficia en même temps d’un emploi fictif à
la mairie de Neuilly. Quand Sarkozy voulu récupérer son siège de député, hop ! , on la nomma au Conseil
économique et social. Devenu, à tort ou à raison, le symbole d’une certaine « ripouïsation » d’un
demi-monde de politiciens locaux, Ceccaldi-Raynaud, petit dirigeant socialiste en Algérie française,
dû regagner précipitamment la métropole à la suite des graves accusations dont il était l’objet, y compris
d’avoir toléré des mauvais traitements dans un camp de prisonniers dont il était responsable. En France,
élu de la gauche SFIO à Puteaux, il passa à droite et, lors de l’une de ses premières campagnes électorales,
ses gros bras tuèrent un militant socialiste et en blessèrent d’autres.

Ensuite, il traîna derrière lui tellement de casseroles (dernière affaire : il est mis en examen dans une affaire
de marché truqué de chauffage urbain) qu’il devint une sorte de mythe. Sarkozy, ce qui plaide peut-être
en faveur de son sens de la fidélité, ne l’a jamais lâché, même quand, ministre des Finances, il aurait pu
ou dû. Quand la fille Ceccaldi-Raynaud, députée-maire à son tour, mécontente des critiques d’un journaliste
blogueur, laisse publier sur le site de la mairie une lettre laissant supposer une inclinaison infamante,
Sarkozy ne moufte toujours pas. Il resta pareillement fidèle à son grand ami le député-maire de Levallois
Patrick Balkany.

Quand ce dernier, archétype lui aussi du roi de la magouille affairisto-municipa le, employeur à son seul
profit du personnel de la mairie, accablé par la justice et accusé, en prime, de se livrer à des fellations
sur menace de revolver, écarté du RPR, est défié par un gaulliste clean, Olivier de Chazeaux, qui
soutint Sarkozy ? Patrick Balkany. C’est-à-dire le délinquant. Notons que les Levalloisiens, par suite
d’une gestion que soutient Sarkozy, supportent une dette de 4 000 à 6 000 € par habitant. C’est, d’ailleurs,
le cabinet d’avocats Sarkozy qui défend, en autres, la mairie de Levallois, laquelle accumule les contentieux.

QUI SONT SES SOUTIENS ?

Faut-il rappeler que ses principaux et premiers supporteurs dans le monde politique ne furent et ne
sont pas spécialement vêtus de probité candide Alain Carignon, Gérard Longuet, Thierry Mariani, Manuel
Aeschlimann (150 procédures, 600 000 € de frais d’avocats par an) et même Christian Estrosi n’ont pas
précisément défrayé la chronique à cause de la blancheur immaculée de leur curriculum vitae.
Il paraît même que Pierre Bédier en pince désormais pour lui.

Quant à son fan-club, qui prétendra qu’il n’est constitué que de parangons de vertu : Doc Gyneco,
chargé comme un sherpa, Johnny Hallyday qui répudie la France pour ne plus payer d’impôts, comme
Jean-Michel Goudard, l’un de ses principaux conseillers en communication, Antoine Zacharias, le Napoléon
des stock-options ?

Certes, à l’image de Simone Veil ou de l’écrivain Yasmina Reza, de très nombreuses personnalités de
grande qualité, représentant tous les milieux et toutes les professions, soutiennent également Sarkozy,
y compris certaines en provenance d’une haute intelligentsia réputée de gauche, mais droitisée par leur
soutien à la guerre d’Irak. Reste que le profil de ses partisans les plus enthousiastes et les plus engagés,
y compris les plus faisandés des ex-petits marquis mitterrandolâ tres, ne font pas nécessairement de Sarkozy
(dont il n’est pas question de mettre en doute l’intégrité ou l’allergie à la déviance) le mieux placé pour
dépeindre l’ensemble de ses adversaires en défenseurs de la fraude, de la délinquance et de la décadence
morale.

« L’IDENTITÉ NATIONALE », PARLONS-EN...

Est-il, en revanche, fondé à se proclamer seul défenseur de « l’identité nationale » ? Mais qui se déclarait
« fier d’être surnommé Sarkozy l’Américain » ?

Qui affirma, aux Etats-Unis, qu’il s sentait souvent « un étranger dans son propre pays » ?

Qui regretta que la France ait bran son droit de veto pour s’opposer à la guerre d’Irak ?

Qui stigmatisa, depuis l’Amérique « l’arrogance » dont aurait fait preuve Dominique de Villepin lors
de son fameux discours devant le Conseil de sécurité de l’ONU ?

Qui, avant de confier au chiracoséguiniste Henri Guaino le soin de rédiger ses interventions, opposa
sans cesse le ringardisme du « modèle français » à la modernité du modèle anglo-saxon ?

Nicolas Sarkozy pourrait d’ailleurs largement figurer dans la rubrique « Ils ont osé le dire », tant ses propos,
depuis quinze ans, illustrent éloquemment tout ce qui précède, c’est-à-dire une dichotomie rhétorique
qui se cristallise dans l’unicité de son exaltation du moi !

Citons, presque au hasard : « Il y en a combien qui peuvent se permettre d’aller à La Courneuve ? Je suis le
seul [toujours le seul !] à être toléré dans ces quartiers. Je suis le seul ! » « J’irai systématiquement,
toutes les semaines, dans les quartiers les plus difficiles et j y resterai le temps nécessaire » (2005).

« Kärcher en septembre, 200 000 adhérents [à l’UMP] en novembre. » « Racaille, le vocable était sans doute
un peu faible. »

« Vous savez pourquoi je suis tellement populaire ? Parce que je parle comme les gens » (avril 2004).

« Maintenant, dans les réunions publiques, c’est moi qui fais les questions et les réponses et, à la sortie,
les gens ont l’impression qu’on s’est vraiment parlé » (le Figaro, mai 2005).

« Les gens qui habitent Neuilly sont ceux qui se sont battus pour prendre plus de responsabilité s, pour travailler
plus que les autres. »

« Si je ne faisais pas attention, tous les jours je serais à la télévision jusqu’à ce que les téléspectateurs en aient
la nausée » (1995).

« Le rôle du politique est de tout faire pour ne pas exacerber les tensions. Plus la société est fragile,
moins le discours doit être brutal. La meilleure façon de faire avancer la société, c’est de la rassurer,
non de l’inquiéter La réforme doit être comprise comme un ciment, non comme une rupture » (juillet 2006 dans
Témoignages).

« Je n’aime pas étaler ce qui, finalement, appartient à ma vie privée. »

« La France souffre de l’égalitarisme et d’un état de nivellement. »

« Dans un monde où la déloyauté est la règle, vous me permettrez d’afficher, de manière peut-être provocante,
ma loyauté envers Jacques Chirac » (juin 1992).

« Je refuse tout ce qui est artifice pour façonner à tout prix une image, les photos avec femme et enfants,
la success-story, vouloir se faire aimer, poser en tenue décontractée. »

On nous dira, ensuite : il faut lui faire confiance, il faut le croire. Mais où est le filet de sécurité ?

LE VRAI DANGER

On évoque obsessionnellement le danger Le Pen. Il existe un risque, en effet. Un terrible risque que,
comme en 2002, le leader de l’extrême droite déjoue tout les pronostics et porte ainsi un nouveau coup à
notre système démocratique. Mais tout le monde sait que Le Pen, lui, ne sera pas élu président de la
République. Heureusement, il ne dispose, lui, contrairement à son adversaire - concurrent de droite
(à l’égard duquel il fait preuve d’une certaine indulgence), ni du pouvoir médiatique, ni du pouvoir
économique, ni du pouvoir financier. Pouvoirs qui, en revanche, si Sarkozy était élu - et il peut l’être -,
ainsi que le pouvoir policier et militaire, seraient concentrés, en même temps que les pouvoirs exécutif
et législatif, entre les mêmes mains, lesquelles disposeront, en outre, d’une majorité au Conseil
constitutionnel, au CSA et au sein de la plupart des institutions du pays.

Hier, le journal la Tribune trappait un sondage parce qu’il n’était pas favorable à Sarkozy ; une publicité
pour Télérama était interdite dans le métro parce qu’elle était ironique à l’égard de Sarkozy ;
un livre était envoyé au rebut, le patron d’un grand magazine également, parce qu’ils avaient importuné
Sarkozy ; Yannick Noah était censuré, parce que ses propos déplaisaient à Sarkozy. Aucun journal,
fût-il officiellement de gauche, n’a échappé aux efficaces pressions de Sarkozy.
Voter Sarkozy n’est pas un crime. C’est même un droit. Nous ne dirons pas, nous, que ce candidat
représente la fraude, la délinquance, l’anti-France et la faillite morale.

Nous voudrions simplement qu’on se souvienne plus tard - quitte, ensuite, à nous en demander
compte - que nous avons écrit qu’il représente pour la conception que nous nous faisons de la
démocratie et de la République un formidable danger.

 

14 au 20 avril 2007 / Marianne

Tiré du site :
http://www.toutsaufsarkozy.com

 

 

Ci-dessous, les explications au sujet du timbre du timbré, explications qui n'expliquent rien,
tirées du site sioniste de désinformation "desinfo.org" (ou, la thèse de l'employé de la poste
distrait et vénal, des responsables de la poste qui ne regardent pas la télévision, et ignorent
qui est Sarkozy, et ignorent qu'en France il va y avoir des élections, de la faute à
l'informatique ... tout peut se faire en ligne, et autres et autres et autres ... ) :

 

Les Protocoles des Postes de Sion, ou comment « un timbre israélien à l’effigie de Nicolas Sarkozy » a fait délirer les antisionistes français

30 mars 2007 - Par Jean Vidal, L’Arche

Saviez-vous que l’État d’Israël a décidé de manifester son soutien à Nicolas Sarkozy, président de l’UMP et candidat à la présidence de la République française, en faisant imprimer un timbre à son effigie ? Oui, de même que les timbres britanniques sont ornés du portrait de la reine, il y a désormais un timbre israélien portant l’image de Nicolas Sarkozy... C’est du moins ce qu’ont cru - et fait croire - une petite clique d’antisionistes acharnés. Et le plus intéressant, dans l’histoire, n’est pas tant de savoir comment la rumeur a été lancée que de voir qui s’y est laissé prendre.

Mais commençons par le commencement.

La Poste israélienne (Doar Israël) a, comme un certain nombre de ses homologues dans le monde, le besoin de renflouer ses caisses. D’où cette idée déjà ancienne, et pas vraiment originale : proposer au public, moyennant finances, l’impression de timbres personnalisés. Ce service s’appelle « Mon timbre » (en hébreu : Haboul Sheli) et il est offert sur le site internet de la Poste israélienne.

C’est très simple, et cela peut même s’effectuer en ligne. Vous transmettez à la Poste une illustration de votre choix. Vous déterminez la quantité, vous payez le prix correspondant. ? Et, clic, votre timbre part à la fabrication.

Si vous vous contentez d’une ou deux planches de douze timbres chacune, il vous en coûtera 37 shekels (6,70 euros) la planche. Au-delà de 50 planches, le prix unitaire descend à 30 shekels (5,50 euros). Ce n’est pas très cher, et cela peut faire un beau cadeau (1).

Cerise sur le gâteau, les timbres ainsi fabriqués peuvent servir à l’envoi de lettres à l’intérieur d’Israël. Pour cela, le timbre personnalisé est associé, depuis 2003, à un timbre standard agrémenté de l’inscription Mazal Tov (« Bonne chance ») et de l’image d’un paquet-cadeau, puisque c’est en général pour fêter un heureux événement (naissance, bar-mitsva, mariage, anniversaire) que l’on commande ce genre de timbre. Le timbre standard, à la différence du timbre personnalisé, porte les inscriptions légales qui permettent de le coller sur une enveloppe pour expédier celle-ci, porteuse d’une invitation ou de l’annonce d’une bonne nouvelle, à des amis ou connaissances. Bref, de la convivialité pour les Israéliens et des bonnes affaires pour leur Poste nationale.

Un Israélien d’origine française, nommé Sylvain Semhoun, a voulu mettre cette initiative commerciale au service de ses convictions politiques. Il a donc commandé un timbre ayant pour motif... le portrait de Nicolas Sarkozy. ?

Le timbre a apparemment été réalisé à l’occasion de l’anniversaire du président de l’UMP, le 25 janvier - ce qui correspond bien à la formule traditionnelle de vœux, Mazal Tov. Notons au passage que M. Semhoun a, dans son enthousiasme partisan, quelque peu triché avec les instructions de la Poste israélienne. En effet, il est précisé sur le site internet de « Mon timbre » que, pour des raisons évidentes de droit à l’image, l’illustration du timbre personnalisé doit représenter exclusivement le commanditaire, ou ses enfants âgés de moins de 18 ans, ou ses proches au premier degré, ou ses animaux de compagnie. M. Semhoun n’entretient manifestement aucune relation de cet ordre avec M. Sarkozy ; mais l’agent de la Poste israélienne qui a reçu sa commande n’a pas vu la différence (peut-être a-t-il cru que la photo de M. Sarkozy était celle de M. Semhoun).

Le bénéficiaire de ce geste de sympathie était-il informé de l’hommage qui lui était ainsi rendu ? À l’avance, certainement pas, d’autant qu’à notre connaissance M. Semhoun n’a aucun titre officiel pour représenter en Israël l’UMP ou son président. Après coup, il est probable que le timbre a été adressé à Nicolas Sarkozy pour son anniversaire, mais on ne sait pas s’il l’a réellement vu. Quoi qu’il en soit, il s’agit d’un épisode qui n’a pas suscité en Israël un émoi particulier. Pour dire les choses crûment : à peu près personne n’en a entendu parler.
D’autre part, il va de soi - faut-il le préciser ? - qu’en raison de la nature purement commerciale du service « Mon timbre », ni la Poste israélienne, ni à plus forte raison l’État d’Israël, n’a de responsabilité dans l’édition d’un pareil timbre. Mais cela n’empêcha pas les fantasmes de proliférer, comme on le verra dans la suite de cet article.

Le 25 février, une reproduction du timbre à l’effigie de M. Sarkozy fut ajoutée, sans doute par son auteur, dans l’« album photo » du site internet francophone israélien Terredisrael, avec en légende l’indication du téléphone de M. Semhoun pour qui voudrait acheter le timbre. Mais l’album photo de Terredisrael comprend des centaines de photos prises par des internautes, dont la plupart ont pour sujets des paysages d’Israël. C’est dire que, là encore, le timbre-souvenir à l’effigie de M. Sarkozy créé par M. Semhoun n’a pas été l’événement du siècle. En fait, la chose aurait pu rester à jamais limitée au cercle des amis et connaissances de M. Semhoun.
Mais, le 1er mars 2007, l’agence d’informations israélienne francophone Guysen diffusa un article qui faisait état de ce timbre, dont elle venait d’apprendre l’existence. L’article attira, à son tour, l’attention d’un site internet français nommé La Banlieue S’exprime (LBS). ?Un drôle de site, au demeurant, né dans la mouvance Dieudonné et dont le responsable, Ahmed Moualek, a suivi la même trajectoire que Dieudonné, jusques et y compris le ralliement à l’extrême droite (2). Et là, soudain, l’innocente gaminerie de Sylvain Semhoun revêt une dimension cosmique.

Le jour même, le 1er mars donc, LBS répercute l’information de Guysen, en ces termes : « Un appel est lancé aux Français juifs de voter pour la candidature de Nicolas Sarkozy pour le bien d’Israël ». Le forum de LBS reçoit aussitôt un déluge de messages indignés - par exemple celui-ci, daté du 2 mars, dont la logique n’échappera à personne : « Ce timbre est une honte aussi bien qu’une trahison et prouve une chose : tous les Israéliens sont appelés à voter Sarkozy, autrement, pourquoi serait-il imprimé principalement en hébreu ? ».
Pourquoi, en effet ? Le 3 mars 2007, c’est la « maison-mère » des sites pro-Dieudonné, Les Ogres, qui reprend le flambeau. L’annonce qu’il existe « un timbre “Sarkozy” en Israël » y est assortie de considérations rédigées dans le style quelque peu... timbré qui caractérise certains des responsables de ce site. Extrait : « Le sionisme militant possède une organisation de propagande qui asservit un État tout entier : absolutisme. Le sionisme militant aime l’union sacrée, il lui faut et un Dieu et des Héros : totémisme. La participation de Sarkozy comme Noble et Juste de l’Empire fait ni plus ni moins des sujets du royaume d’Israël, des serfs. Par ailleurs, coller un timbre est un rite culturel, auquel on se soumet. Si nous savons tous qu’il faut faire des efforts pour atteindre un but, nous savons tous aussi en nous-mêmes qu’il n’y a pas de mystère dans le fait que Sarkozy soit adulé par la poste israélienne. »

Et, là aussi, les commentaires fusent sur le forum du site. ?Le 4 mars, un contributeur annonce que « le timbre est vendu 30 shekels ». ?En réalité, nous l’avons vu, le prix de 30 shekels est celui d’une planche de douze timbres lorsqu’on en commande plus de 50 à la fois. On ne sait d’ailleurs pas où ce fidèle des Ogres a trouvé le prix de 30 shekels, car il ne figure pas dans l’article de Guysen - ni, évidemment, sur le timbre lui-même. Mais l’intervention suscite le commentaire d’un autre fidèle des Ogres : « Comme qui dirait 30 piastres monnayés par Judas pour la peau de Jésus de Nazareth ! C’est bizarre ! ». Cet internaute-là a de drôles de références.
On ne compte plus, dès lors, les internautes qui croient dur comme fer que les auteurs des Protocoles des Postes de Sion ont diffusé une consigne de vote. Des ex-gauchistes ralliés à l’extrême droite, on passe bientôt aux fascistes purs et durs, pour qui le complot ne fait pas l’ombre d’un doute. Ainsi, le site Altermedia, dont la graphie gothique indique bien l’inspiration (sous-titre : « Nouvelles mondiales pour des personnes d’ascendance européenne »), claironne : « Un timbre à l’effigie de Sarko en Israël ». Novopress, un organe de la droite de l’extrême droite qui exprime de longue date sa connivence avec Dieudonné et Kémi Séba, surenchérit : « Un timbre à l’effigie de Nicolas Sarkozy a été édité en Israël et est maintenant disponible dans tous les bureaux de poste ».

Les antisionistes fanatiques d’EuroPalestine ne pouvaient manquer d’être de la fête. Leur titre est identique, à deux lettres près, à celui d’Altermedia : « Un timbre à l’effigie de Sarkozy en Israël ». Pour faire bonne mesure, ils ont ajouté un point d’exclamation. Sur le site Palestine-Solidarité, un certain Robert Thompson, « avocat honoraire au Barreau de Boulogne-sur-Mer », publie une Lettre ouverte à Madame Ségolène Royal où l’on peut lire : « L’État sioniste célèbre déjà, par le moyen de l’émission d’un timbre à son effigie, assorti de félicitations, un de vos adversaires, que ce même État décrit souvent comme son candidat naturel dans notre élection ».

Toujours sur internet, le site ouvertement nazi Stormfront (des intervenants y illustrent leurs contributions d’une croix gammée) contient d’intéressants commentaires sur l’« affaire ». L’un souligne la proximité idéologique avec « le site d’immigrés » LBS ; un autre se réjouit (avec, au passage, une petite faute d’orthographe) de « cette nouvelle » qui prouve la « justesse » de l’analyse des antisémites. ?
De l’internet on passe bientôt à la presse écrite. Le 8 mars, dans l’hebdomadaire altermondialiste Politis, le chroniqueur Bernard Langlois (dont la réputation n’est plus à faire) ponctue une diatribe contre Nicolas Sarkozy par l’annonce que « la poste de cet État [l’État d’Israël, ndlr], qui sait distinguer ses vrais amis, vient de sortir un timbre à son effigie ! ».

Le 12 mars (donc, après avoir pris le temps de la réflexion), le quotidien communiste L’Humanité recopie à son tour le titre inventé par d’autres : « Un timbre à l’effigie de Sarkozy en Israël ». La journaliste, Marie Barbier, commence par écrire que cette information qui « court depuis plusieurs jours sur la Toile » a « des allures de canular tant elle paraît improbable ». Mais elle aggrave son cas en affirmant que, « vérification prise [sic] », il n’y a « nulle plaisanterie à l’horizon » et que « depuis fin janvier, les Israéliens disposent effectivement d’un timbre à l’effigie de Nicolas Sarkozy ».

La passion de nos confrères de L’Humanité pour la « vérification » ne leur a manifestement pas permis de découvrir ce qu’en deux minutes un bon journaliste aurait pu apprendre, à savoir que tout un chacun peut éditer, dans des circonstances analogues, un timbre israélien à l’effigie de n’importe qui. ?Il suffit pour cela d’ignorer, comme l’a fait M. Semhoun, la clause restrictive quant à l’identité de la personne représentée qui figure sur le site internet de la Poste israélienne.

Par exemple, les admirateurs israéliens de Marie-George Buffet, candidate du PCF à la présidentielle, ont encore le temps de lui offrir un timbre israélien à son effigie.

NOTES

1. NDLR : Claude Wainstain a récemment présenté, dans sa rubrique philatélique de L’Arche, un exemple très familial d’une initiative analogue, qui provenait en l’occurrence d’une société américaine.

2. M. Moualek a fait partie, cet automne, d’un voyage au Liban, aux côtés de Dieudonné, Alain Soral et Thierry Meyssan. ?Un voyage dont il s’est dit avec insistance qu’il avait été organisé par l’extrême droite et qu’il s’inscrivait dans un mouvement de ralliement dont l’épisode le plus spectaculaire fut l’apparition, à visage découvert, d’Alain Soral dans l’équipe de campagne de Jean-Marie Le Pen. Pour sa part, Ahmed Moualek a publié sur son site internet (LBS) une interview complaisante du président du Front national.
Le 16 mars 2007, le site LBS publiait (non pas dans le cadre d’un forum, mais dans sa partie proprement rédactionnelle), un article où l’on pouvait lire ces propos dénués de toute ambiguïté : « Tous les jours que Dieu fait, on nous bassine avec la misère des Juifs, considérez, je vous prie la patience de Dieu qui, il y a 2000 ans, fut condamné à la crucifixion par ces mêmes Juifs. Mais revenons aux misères de notre époque, l’occupation israélienne en Palestine où la torture et la désespérance est le quotidien d’un peuple asphyxié. Aucun média chapeauté par les Juifs sionistes du PS, UMP et UDF, n’en parle chez nous. Préférez-vous l’Irak, déchirée par la guerre menée par les États-Unis où le lobby juif est très puissant, qui chaque jour apporte son lot de morts, ils sont arabes. (...) Aucun politique n’est sincère hormis Monsieur Le Pen qui va conduire avec nous ce combat pour la liberté. ?Pourquoi cet homme, dont je ne partage pas les idées, simplement parce qu’il ne fait pas partie du système instauré voilà plus de 2000 ans par les Pharisiens avides d’argent et de pouvoir. »

Extrait de L’Arche n° 588, avril 2007 Numéro spécimen sur demande à info@arche-mag.com