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15 juin 2004

 


Les USA se permettent de désigner la Syrie comme un des pays du "mal" en passant sous silence le fait que le Plateau du Golan syrien est toujours sous occupation israélienne.

Nous savons bien que la Syrie n'est pas un modèle de démocratie, mais quand les USA, après leur désastreuse intervention en Irak, veulent donner des leçons de gestion à d'autres pays voisins, nous avons intérêt à nous en méfier et surtout à rester très vigilant. L'Irak d'aujourd'hui, sous occupation américaine, est très loin d'être une démocratie et les gens sont bien plus pauvres et plus déstabilisés, alors que leur puits de pétrole profitent à l'occupant.

Avant de désigner la Syrie comme un pays susceptible de vouloir acquérir ou de posséder des armes de destruction massive et de laisser s'infiltrer des combattants arabes en Irak à travers ses frontières qui ne sont pas assez étanches, les USA seraient plus crédibles s'ils exigeaient de l'Etat sioniste qu'il se retire définitivement et sans conditions du Golan.

Le Golan, oublié par nos médias ainsi que par toute la communauté internationale, refait de temps en temps surface, surtout après l'annonce d'un nouveau projet de colonisation israélienne. La colonisation entreprise dès sa conquête par Tsahal en 1967 n'a d'ailleurs jamais cessé alors que les populations syriennes n'ont jamais cessé de résister à l'occupation coloniale.

 

 

Le Golan Syrien

 

Dans cette partie de la Syrie qui s'étend sur 1190 km2, vivent encore aujourd'hui 18.000 Syriens dans cinq villages face à 15 000 colons israéliens installés dans 32 colonies qui encerclent les villages des natifs. Comme en Palestine occupée, les sionistes ont changé les noms des endroits occupés et leur a donné des noms hébreux afin de pouvoir prétendre à des origines bibliques par rapport à ces lieux.
Le Golan, par-delà sa richesse aquatique est aussi revendiqué par les sionistes pour sa position stratégique dans cette région. En effet, le Golan, par sa hauteur (plus de 2000 m au-dessus du niveau de la mer dans certains sommets), ou sa situation géographique car il donne à l'ouest sur les colonies de peuplement juives de la plaine de Houla et domine le lac de Tiberiade est un enjeu terrible pour l'Etat sioniste. Il sert de point de surveillance des plaines syriennes et jordaniennes. Ce qui a fait dire à un Premier ministre : "Le Golan, ce sont les yeux et les oreilles d'Israël".
De plus la ressource en eau est stratégique étant donné que le colonisateur prend 30 % en eau du Golan et que les eaux du Golan fournissent 610 millions de m3 au lac de Tibériade.
Cette eau, au moment où la planète se réchauffe ce qui génère beaucoup de changements climatiques dans ces régions déjà semi-désertiques reste la ressource fondamentale et est certainement un des facteurs de l'occupation et du non-respect des résolutions 242 et 338 des Nations Unies qui demandaient à Israël de quitter les Territoires occupés.
Les ressources en eau d'une région et le libre accès à cette ressource par la population concernée, constituent non seulement des données essentielles pour comprendre l'origine d'un conflit entre peuples ou pays, mais plus largement déterminent largement le devenir de toute une région.

Les ressources hydrauliques les plus importantes :
Le Jourdain, fleuve long de 360 km prend sa source à 2814 m d'altitude dans le mont Hermon, au Sud Liban. Il se jette dans le lac Houleh avant d'atteindre le lac Tibériade à 17 km plus loin.
Entre 60 et 80 % des eaux arrivant dans le lac Tibériade sont prélevées pour alimenter le conduit national israélien et une grande partie des eaux du Yarmouk, un affluent du Jourdain venant de Syrie et amenant quelque 400 millions de m3 d'eau avant la construction du canal du Ghor oriental, est détournée vers la vallée.
Du lac Tibériade à la mer Morte, à 320 km de distance, le Jourdain est devenu, suite à ces détournements d'eau une rivière plus que modeste et avec un taux de salinité de plus en plus élevé.

POLITIQUE DE COLONISATION DE L'EAU

Depuis sa création, Israël a toujours cherché à contrôler l'accès à l'eau, ressource rare dans cette région semi-aride qui ne supporte pas une agriculture intensive très grosse consommatrice d'eau tels que se sont mis à la pratiquer les agriculteurs israéliens. Sans compter la pollution des eaux avec le déversement de produits nocifs et l'écoulement dans les eaux souterraines de tous les résidus des pesticides et autres désherbants utilisés pour cette agriculture qui a déjà fait de très gros dégâts sous nos latitudes.

Lors de la mise en œuvre de la planification des ressources en eau après la création de l'autorité internationale des eaux" par l'ONU, en 1950, les pays arabes avaient commencé à mener un projet hydraulique de partage équitable des ressources en eau.
La guerre de 1967 empêcha ce projet d'être mené à terme et permit à Israël d'accentuer son emprise sur les eaux de la région, notamment en poursuivant le pompage des eaux du Jourdain au rythme de 330 millions de m3 par an.
L'occupation du Golan, véritable château d'eau de la région, lui permit un contrôle direct sur les eaux des affluents du Jourdain : le Dan et le Banias.
Les autres ressources du Golan estimées à 2OO millions de m3 d'eau par ans sont aussi sous contrôle israélien, ce qui explique l'annexion du Golan en décembre 1981 et qui dure encore à ce jour.

Nous espérons que les drames que vivent actuellement les peuples irakiens et palestiniens sous colonisation US et Israélienne ne fera pas oublier que le Golan syrien reste aussi à décoloniser.

Ginette Hess Skandrani
Paris, juin 2004