De gauche,les trotskystes ? Laissez-moi rire !

La jeunesse trotskyste "contre le racisme et l'antisémitisme". En ces temps de trotskysme médiatisé, un comité racole ses adhérents avec comme mot d'ordre : "non au racisme et à l'antisémitisme". On ne commencera pas à jouer sur les mots en leur opposant que l'antisémitisme, contrairement à ce qu'ils pensent, ne traduit pas uniquement la haine du peuple Juif, mais aussi celle des autres peuples sémites. J'ai rencontré ces gens sur le parvis d'une fac française qui a été "rouge". Ils vendent 5F un journal (bourré de fôtes d'hortograffe et de synthaxe, mais ah que c'est là un détail, ah que tout le monde peut en faire) qui vante, entre quelques coups de gueule contre les politiques (ah ouais, c'est tous des pourris...) et les média (ah ouais, eux aussi..., tant pis si on se fait des ennemis) le mouvement révolutionnaire de la jeunesse des banlieues et d'ailleurs. Par exemple, ils analysent finement l'abstention massive de "la jeunesse" aux élections municipales comme un signe de lutte de cette même "jeunesse" contre les lois racistes et antisémites des dénommés Pasqua-Chevennement-Debré. Je déconne pas c'est marqué noir sur blanc pendant trois pages. Je crois qu'on peut appeler ça de la récupération ou de la manipulation. Vous allez me dire (ou pas) : "oui mais les journalistes aussi, ils en font et les politiques alors, on n'en parle même pas..." et j'en serai d'accord ; mais combattre en utilisant la même stratégie que ses ennemis est assez casse-gueule. En effet, au final, c'est agir comme ceux qu'on a dénoncé plus haut pour des intérêts perso ou ceux d'un groupe, et à ce compte là... En qui croire ? Réponse : en soi, bien sûr...

Malgré tout, je me suis persuadé qu'il ne pouvait pas y avoir que du mauvais dans ce komité, et je me suis pointé à leur meeting. Décor épuré mais présent : une table recouverte d'un drap rouge-autel ? ? ?. Au fond, face au public, un drap graphé du style "non à l'antisémitisme et au racisme", orné de deux photos d'un jeune arabe de Mantes-La-Jolie tué d'une balle dans la tête à l'âge de seize ans par des flics sûrement un brin raciste. Paix à son âme, il est évident que sa mort témoigne de la barbarie ambiante, sa mort est inadmissible, elle ne peut être justifiée par quoi que ce soit, on est d'accord. Ces photos-icônes ? ? ?-sont là pour que le spectateur se demande qui il est. C'est obscène. L 'exposition de ces portraits sans autre légende que le texte de la banderole constitue à mon sens une manipulation mentale. Ca touche une fois de plus à la récupération d'un événement (ici tragique) pour défendre un thèse. C'est une fois de plus un exemple qui tient lieu d'argument : ces militants ne font pas un travail de fond pour nourrir leur lutte, mais s'arrêtent à de l'événementiel tragique qu'ils détournent tranquillement, tentent de faire vibrer la corde sensible, sous couvert de lutte sociale, politique, de gauche...

Donc décor bizarre... Un vieux, plutôt sympathique, genre cheminot de père en fils, front pop, s'assoit et commence par raconter les persécutions que sa famille a subi pendant la 2ème guerre mondiale. Il parle de son expérience pour justifier sa lutte. Une jeune juive vient ensuite parler de son agression par 4 ou 5 "skins" et du procès mascarade qui a suivi, de la connivence entre le juge et les parents des aggresseurs fils-à-papa. Jusqu'ici R.A.S.. Arrive ensuite un beur (car chez les trotskystes, on dit "beur" et pas "arabe", ça ferait raciste, de même qu'on ne dit pas "noir" mais "black"). Il entame une allocution en se présentant comme Kabyle et fier de l'être et fier de son peuple. En gros, on est là pour être des citoyens du monde, défendre les valeurs de la république, éradiquer les discriminations, et lui, il arrive et nous sert un couplet sur la lutte de son peuple et commence à nous donner des leçons en se faisant le porte-parole de la Kabylie. Hé ho, Stop ! Qu'est-ce que çà veut dire ? Est-ce que j'aurai, sous couvert d'être poilu, irascible et d'avoir un nom de famille breton, commencé une intervention en parlant de mes racines et du front de libération de la Bretagne ? ! N'importe quoi, lui, il se pointe et commence par dire qu'il est d'une origine différente de la notre alors qu'on est là pour défendre l'égalité ou au moins l'équité et effacer les différences d'origine(s) parce que c'est maintenant qui compte quelle que soient nos couleurs, origines, cultures, milieux socials... Moi, ça me fait bondir. Un dernier intervenant intervient. Il n'est pas juif, ne semble pas être kabyle... "Bravo et Salut, car votre présence montre que vous êtes conscients". Cette phrase a été répétée 10 à 12 fois tout au long de cet interMINABLE monologue, ponctué de coups de poing sur la table mal synchronisés et d'applaudissements : un vrai discours de politicard en somme. Je crois que ça a duré une heure, peut-être douze. Durant ce laps de temps, il n'a cessé d'ânonner un texte écrit dans un français approximatif en hurlant. Et je dis bien en "hurlant". A base de "les Juifs ont souffert, mais ils ne se laissent plus faire", et un couplet jeuniste pour papa, un couplet ouvrier pour maman et deux, trois lectures de tracts. Tout çadans un entremêlement d'anecdotes et de dates historiques du style "en mai 2001,...euh 41... les nazis entrent à Paris, soixante ans après les juifs ne se laissent plus faire etc.". Ce brave homme a dit plusieurs fois "meeting antiraciste et antisémite", ce qui a failli me faire éclater de rire, c'était un peu gros. Qu'on s'entende bien, je ne veux absolument pas dire que son inconscient nous révèle un quelconque antisémitisme patati, patata, mais juste dire que si on ne sait pas parler en public, on fait pas semblant d'être le chef charismatique de la lutte radicale des trotskystes porteurs de chemises Lacoste. Donc nouvelle récupération (de la Shoa, cette fois-ci) pour défendre les intérêts d'un groupuscule. C'est un peu gros. C'est très lourd.

La dernière phase, la partie démocratique.(accrochez-vous)

On vote. Plus précisément, on vote la résolution énoncée par notre rhéteur préféré. On vote puis on en discute. On vote puis on en discute "dans un cadre" comme cela m'a été justifié plus tard .
Réaction du public : "Pourquoi insulter nos ennemis comme le faisaient les libéraux en Allemagne dans les années 30 ?"
Réponse(texto) : "Ecoute toi, j't'arrète tout de suite et j'te calme(...)ah oui mais toi t'es un rose pâle, t'es un gauche caviard, t'es venu là genre, on va discuter comme dans un salon etc" En somme, délit de facies et insulte, on se croirait dans un commissariat ! D'autres ont pris la parole, et la réponse de nos trotskystes préférés a été à chaque fois porteuse d'un argument du style : "oui mais toi t'es pas trotskyste (sous-entendu, t'es CNT, t'es FO, t'es LO-LCR...), tu peux pas comprendre, tu essaies de sabrer le vote de la résolution. Grosse paranoïa, le complot anti-trotsky est partout et tout et tout...

Enfin, la fin.

Très récemment, j'ai croisé deux de ces zigomars. Ils m'ont bien évidement demandé ce que j'avais pensé du meeting. Je leur ai répondu ce que vous venez de lire et ils m'ont dit :"ouais, mais on peut en parler, si tu veux." Ma réponse :"Non, on ne peut pas en parler, on est en train d'en parler" Et ils m'ont répondu :"ouais, mais on peut en parler, si tu veux."(Je n'invente rien, et çà a duré comme çà...). Je vous passe quelques détails car vous devez commencer à vous lasser... Je leur ai finalement demandé "pourquoi on peut en parler si je veux ?" Et là, gros couplet sur "oui, notre cause est juste, on veut t'en convaincre, et patati, et toi t'es trop dans la forme pas assez dans le fond, et patata, c'est à toi de t'adapter à nos méthodes qui sont des méthodes révolutionnaires, et patalère."

En gros, voilà des gens "bien-pensant" qui n'acceptent pas la critique, au même titre que les extrémistes de droite, les commandos anti-IVG, les islamistes, les supporters du pape, les hooligans etc. J'arrêterai là ma liste de gros mots, bonjour chez vous.

Un dernier conseil, puisque je suis quand même un donneur de leçons dans le fond. Méfiez-vous des groupuscules, poil au nez.

kermit omane