Le Comit� Valmy contribue � la diffusion de ce texte qui converge avec ses propres analyses.

Le cauchemar g�opolitique des Etats-Unis

jeudi 10 mai 2007

  Une analyse pertinente des s�rieuses d�faites enregistr�es sur plusieurs fronts, internes et externes, par l'administration Bush qui, aux abois, risque de provoquer une nouvelle guerre.

 

Copyright Asia Times

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 Le cauchemar g�opolitique des Etats-Unis

En attirant l'attention sur l'Irak et le r�le �vident jou� par le p�trole dans la politique am�ricaine actuelle, l'administration de Georges Bush- Dick Cheney a juste fait ceci : il a attir� l'attention des puissance mondiales d�ficitaires en ressources �nerg�tiques sur une bataille strat�gique pour l'�nergie et plus particuli�rement le p�trole.

Ceci a d�j� des cons�quences sur l'�conomie mondiale en terme de co�t du baril de p�trole actuellement � 75 dollars. Maintenant cela prend la dimension de ce qu'un ex secr�taire � la d�fense am�ricaine a appel� un � cauchemar g�opolitique � pour les Etats-Unis.

La cr�ation par Bush, Cheney, le secr�taire � la d�fense Donald Rumsfeld et Cie d'un cauchemar g�opolitique est aussi la toile de fond pour comprendre le changement politique dramatique au sein de l'administration am�ricaine ces derniers mois, un �loignement de la pr�sidence de Bush. En deux mots : Bush - Cheney et leur bande de n�o conservateurs durs pro guerre, qui entretiennent une relation sp�ciale sur les capacit�s d'Isra�l, en Irak et dans tout le Moyen Orient, ont eu leur chance.

Cette chance c'�tait de remplir le but strat�gique des Etats-Unis de contr�ler mondialement les ressources p�troli�res, pour assurer le r�le h�g�monique des Etats-Unis, pour la prochaine d�cennie et plus. Non seulement ils ont rat� cet objectif de cette domination strat�gique, ils ont aussi fortement �branl� la base m�me de l'h�g�monie mondiale continue am�ricaine, ou comme dans le jargon de Rumsfeld / Pentagon : � full spectrum dominance � de domination totale.

La d�cision du pr�sident bolivien Eva Morales, apr�s avoir rencontr� ses homologues v�n�zuelien et cubain, Hugo Chavez et Fidel Castro, de nationaliser les ressources en p�trole et en gaz de son pays, est la derni�re d�monstration du d�clin de la projection du pouvoir des Etats-Unis.

 

La doctrine de Bush dans la balance

Alors que la r�alit� de la politique �trang�re am�ricaine est obscurcie par la rh�torique sans fin de � d�fense de la d�mocratie �, et ainsi de suite, c'est utile de rappeler que la politique �trang�re des Etats-Unis depuis l'effondrement de l'Union Sovi�tique �tait ouverte et explicite. C'�tait de pr�venir � tout prix la concr�tisation d'un rassemblement potentiel de nations qui pourraient d�fier la domination des Etats Unis. C'est la politique am�ricaine telle qu'expos�e par Bush dans son discours de juin 2002 � l'acad�mie militaire am�ricaine � West Point, New York.

L�, le pr�sident a d�crit l'�loignement radical de la politique explicite des Etats-Unis dans deux domaines vitaux : une politique de guerre pr�ventive, si les Etats-Unis �taient menac�s par des terroristes ou des �tats voyous, engag�s dans la fabrication d'ADM, deuxi�mement, le droit � l'auto d�fense autorise les Etats-Unis a lancer des attaques par pr�emption contre des agresseurs potentiels, les d�truisant avant qu'ils ne lancent des attaques contre les Etats-Unis.

La nouvelle doctrine am�ricaine, la doctrine Bush, proclamait aussi, � le devoir des Etats-Unis c'est de poursuivre des actions militaires unilat�rales quand il est impossible de trouver des solutions multilat�rales. � Cette doctrine va plus loin et d�clare que la politique am�ricaine c'est que � les Etats-Unis ont eu, et ont l'intention de garder, une puissance militaire non �gal�e �. Les Etats-Unis m�nerait toute action n�cessaire pour continuer � �tre l'unique super puissance militaire mondiale. Ceci ressemble � la politique de l'empire britannique avant la premi�re guerre mondiale, plus pr�cis�ment que la flotte royale britannique doit �tre plus grande que les deux plus grandes flottes mises ensemble.

La politique am�ricaine comprenait aussi des actions pour des changements de r�gime dans le monde sous le slogan d'� �tendre la d�mocratie �. Comme Bush l'a dit � West Point : � l'Am�rique n'a pas d'empire � �tendre ou d'utopie � �tablir. Nous souhaitons pour les autres ce que nous souhaitons pour nous � m�mes � s�curit� contre la violence, les r�compenses de la libert�, et l'espoir d'une vie meilleure. �

Ces fragments d'une politique ont �t� rassembl�s en une politique officielle en septembre 2002, dans un texte du Conseil de S�curit� National intitul� � Strat�gie Nationale de S�curit� des Etats Unis �. Ce texte a �t� �crit pour aval par le pr�sident par la conseill�re � la s�curit� nationale de l'�poque Condoleezza Rice.

Elle, de son c�t�, s'est servi d'un document pr�par� auparavant en 1992 sous la pr�sidence de Bush p�re, par le n�o conservateur Paul Wolfowitz. La doctrine de Bush et de Rice a �t� enti�rement d�limit�e en 1992 dans un guide de planification de la d�fense intitul� � �bauche finale � r�alis� par le secr�taire � la d�fense pour la politique Wolfowitz, et connu � Washington sous le nom de � doctrine de Wolfowitz. �. Wolfowitz d�clare alors que, avec la disparition de la menace d'une attaque sovi�tique, les Etats-Unis �taient la seule super puissance qui devrait poursuivre son agenda mondial, inclus la guerre de pr�emption et des actions de politique �trang�re unilat�rales.

Une fuite interne de l'�bauche au New York Times a conduit � l'�poque Bush p�re � dire que ce n'�tait � q'une �bauche et non la politique am�ricaine �. en 2002 c'�tait devenu la politique am�ricaine.

La doctrine Bush stipulait que des actions � militaires de pr�emption � �taient l�gitimes quand la menace � �mergeait � ou �tait � suffisante �, m�me s'il restait des incertitudes quant au moment, l'endroit, de l'attaque de l'ennemi. � Ceci laissait un trou suffisamment large pour qu'un tank Abrams puisse s'y engouffrer, selon des critiques. L'Afghanistan, par exemple, a �t� d�clar� une cible l�gitime pour un bombardement militaire am�ricain parce que le r�gime des talibans avait dit qu'il livrerait Osama Ben Laden seulement quand les Etats Unis auraient apport� la preuve qu'il �tait derri�re les attaques du World Trade Center et du Pentagon le 11 septembre 2001. Bush n'a pas donn� de preuve. Il a effectivement lanc� une guerre de pr�emption. A l'�poque, peu ont pris la peine de se pencher sur les subtilit�s des lois internationales.

La doctrine de Bush �tait et est une doctrine n�o conservatrice de guerres pr�ventives et de pr�emption. Cela s'est av�r� �tre une catastrophe strat�gique pour les Etats-Unis pour son r�le d'unique super puissance. Ceci est la toile de fond pour comprendre tous les �v�nements d'aujourd'hui comme ils se d�ploient dans et autour de Washington.

Le futur de cette doctrine de politique �trang�re de Bush � et en fait la future capacit� des Etats-Unis � s'accrocher � cette position d' unique super puissance ou unique quelque chose � c'est ce qui est actuellement mis en jeu en ce qui concerne le futur de la pr�sidence de Bush. Il est utile de noter que Wolfowitz �crivait dans son �bauche de 1992 pour le secr�taire � la d�fense de l'�poque, Dick Cheney.

 

L'administration Bush en crise

Le signe le plus fascinant d'un changement important au sein de l'administration politique am�ricaine � l'�gard de la doctrine de Bush et de ceux qui sont derri�re celle-ci, c'est le d�bat qui se d�veloppe sur le texte de 83 pages d'abord publi� sur le site officiel de l'universit� d'Harvard, critiquant le r�le dominant d'Isra�l dans la fabrique de la politique �trang�re des Etats-Unis.

Cependant, ce qui est profond�ment significatif cette fois c'est que les principaux medias, inclus Richard Cohen dans le Washington Post, ont d�fendu les auteurs Stephen Walt et John Mearsheimer. M�me une partie de la presse isra�lienne l'a fait. Le tabou de parler publiquement de l'agenda pro Isra�l des n�o conservateurs a, apparemment, �t� bris�. Ceci sugg�re que la veille garde de l'administration de la politique �trang�re, des gens comme Brzezinski et Brent Scowscroft et leurs alli�s, accroissent leur pression pour reprendre en main la direction de la politique �trang�re. Les n�o cons ont prouv� �tre un �chec colossal dans leur d�fense des int�r�ts strat�giques am�ricains tels que les per�oivent les r�alistes.

Cet article � Le lobby isra�lien et la politique �trang�re am�ricaine �* a �t� �crit par deux personnes forts respect�es, des r�alistes en mati�re de politique �trang�re am�ricaine qui conseillent le d�partement d'�tat. Les auteurs sont ni des skinheads n�onazis, ni antis�mites. Mearsheimer est professeur de science politique et codirecteur du programme sur la politique de s�curit� internationale � l'universit� de Chicago. Walt est un recteur d'acad�mie et a une chaire d'enseignement � la Kennedy School of Government d'Harvard. Tous les deux sont membres de la Coalition pour une Politique Etrang�re R�aliste. On les appelles les � r�alistes �, et cela inclus Henri Kissinger, Scowcroft, et Brzezinski.

Certaines de leurs conclusions � propos du lobby isra�lien soulignent que :

� aucun lobby n'a r�ussi � autant d�tourner la politique de l'int�r�t national am�ricain tel qu'on peut l'envisager, tout en convaincant simultan�ment les am�ricains que les int�r�ts des Etats-Unis et ceux d'Isra�l �taient essentiellement les m�mes. "

Ceux qui soutiennent Isra�l ont fait la promotion de la guerre contre l'Irak. Les hauts fonctionnaires de l'administration qui ont conduit la campagne �taient aussi � l'avant garde du lobby pro isra�lien, comme Wolfowitz ; le sous secr�taire � la politique de d�fense Douglas Feith ; Elliott Abrams, responsable � la Maison Blanche des affaires du Moyen Orient, David Wumser, responsable des affaires du Moyen Orient aupr�s de Dick Cheney vice pr�sident, Richard Perle, le plus n�o con des n�o cons, directeur du comit� de politique de d�fense, un organisme de conseil regroupant des experts en strat�gie.

Un effort similaire est actuellement men� pour bombarder les installations nucl�aires iraniennes.

L'AIPAC (le Comit� pour les Affaire Publiques Am�ricaines et Isra�liennes) se bat pour ne pas �tre enregistr� comme groupe d'agents �trangers, parce que cela mettrait de s�rieuses limites � ses activit�s aupr�s du Congr�s, particuli�rement dans le domaine des �lections l�gislatives. Les politiciens am�ricains sont tr�s sensibles aux campagnes de financement et autres formes de pression politique et les principaux m�dias continueront probablement de montrer de la sympathie pour Isra�l quoiqu'il fasse.

C'est utile de citer les buts officiels de la Coalition pour une Politique Etrang�re R�aliste, dont Walt et Mearsheimer font partie, pour avoir une meilleure compr�hension de leur position dans le combat que se joue actuellement entre les diff�rentes factions de l'�lite am�ricaine. Le site internet de cette Coalition affirme :

"Sur fond d'un conflit de plus en plus meurtrier en Irak, la politique �trang�re am�ricaine se d�place dans une direction dangereuse, celle d'un empire. Des tendances imp�rialistes inqui�tantes sont apparentes dans la strat�gie de S�curit� Nationale Am�ricaine de l'administration Bush. Ce document plaide pour le maintient de la domination militaire am�ricaine du monde, et il le fait d'une fa�on qui encourage d'autres nations � former des coalitions et alliances pour faire contre poids. Nous pouvons nous attendre, et nous le voyons maintenant, � ce que de multiples contre pouvoirs se forment contre nous. Les peuples r�pugnent et r�sistent � la domination, aussi b�nigne soit-elle."

Les auteurs Walt et Mearsheimer notent �galement, que Perle et Feith ont mis leur nom sur un document de politique en 1996 r�alis� pour le gouvernement de l'�poque de Benjamin Netanyahu en Isra�l et intitul� � Une rupture nette : une nouvelle strat�gie pour renforcer la nation �*

Dans ce document, Perle et Feith conseillaient � Netanyahu que pour reconstruire le sionisme on doit abandonner toute id�e d'�changer la terre pour la paix avec les palestiniens, et d'abroger les accords d'Oslo. Ensuite, Saddam Hussein doit �tre renvers�, et la d�mocratie �tablie en Irak, ce qui se montrerait contagieux ensuite chez les autres voisins arabes d'Isra�l. C'�tait en 1996, 7 ans avant que Bush ne lance une guerre presque unilat�rale pour un changement de r�gime en Irak.

Quand Tim Russert, de la TV NBC dans l'�mission tr�s populaire � Meet The Press � a pos� des questions � Perle sur sa liste g�opolitique de changements de r�gimes au b�n�fice d'Isra�l, il a r�pondu :� qu'est ce qu'il y a de mal � cela. �

Pour que tout cela puisse r�ussir, Perle et Feith ont �crit : � Isra�l aura � obtenir un soutien am�ricain �tendu. � Pour s'assurer de ce soutien, ils ont conseill� au premier ministre isra�lien d'utiliser � un langage familier aux am�ricains, en s'inspirant des th�mes utilis�s par les administrations am�ricaines pr�c�dentes pendant la guerre froide, et qui s'appliquent aussi � Isra�l �. Un chroniqueur du journal isra�lien Haaretz a accus� Perle et Feith de � marcher sur une ligne mince entre leur loyaut� aux gouvernements am�ricains et les int�r�ts isra�liens. �

Aujourd'hui, Perle a �t� oblig� de faire profil bas � Washington apr�s avoir initialement �t� � la t�te du directorat de la politique de la d�fense de Rumsfeld. Feith a �t� oblig� de quitter le d�partement d'�tat, pour le secteur priv�. Ceci c'�tait il y a plus d'un an.

 

Des vagues de d�missions chez Bush

Le directeur du personnel de la Maison Blanche, un homme loyal � la famille Bush depuis 25 ans, Andrew Card, est parti, et dans une annonce qui a apparemment choqu� les durs chez les n�o conservateurs, tel que William Kristol, vendredi, Porter Goss le dirigeant pro n�o conservateur de la CIA a annonc� brusquement sa d�mission en une phrase.

Le d�part de Goss a �t� pr�c�d� d'un scandale qui monte en puissance et qui implique le N�3 de la CIA, le directeur ex�cutif Kyle � Dusty � Foggo. En d�cembre dernier, l'inspecteur g�n�ral de la CIA a ouvert une enqu�te sur le r�le de Foggo dans un contrat frauduleux CIA Pentagon. Foggo est aussi li� � un scandale sexuel entrain de faire surface qui implique le parti r�publicain � la Maison Blanche et qui ferait p�lir l'affaire de Monika Lewinsky qui a provoqu� de nombreux probl�mes pour Bill Clinton. Comme Goss a viol� la priorit� � l'anciennet� en nommant Foggo N�3 de la CIA, les medias font le lien entre la d�mission de Goss et les scandales imminents sexuels et de chantage qui vont �clat� autour de Foggo.

Le cas Foggo est li� � l'affaire concernant le membre r�publicain du Congr�s tomb� en disgr�ce Randall � Duke �. Des procureurs f�d�raux ont accus�, l'un des amis les plus proches de Foggo, comme co-conspirateur non �crou�, l'homme d'affaires de San Diego Brent Wilkes, d'avoir particip� � un plan pour faire chanter Cunningham, l'ex repr�sentant au congres de San Diego.

Cunningham, lui, est li� au r�publicain condamn� pour blanchiment d'argent Jack Abramoff. Foggo supervisait des contrats dont l'un d'entre eux au moins avait �t� pass� avec la soci�t� accus�e de payer des pots de vin au membre du Congres Cunningham. Le Wall Street Journal, rapporte que Foggo �tait un ami proche depuis le ly��e avec le sous traitant pour la D�fense Brent R. Wilkes, et qu'une enqu�te criminelle est en cours se concentrant sur le fait de savoir � si Mr Foggo a utilis� sa position � la CIA pour malhonn�tement orienter des contrats vers les soci�t�s de Mr Wilkes. �

Wilkes a �t� impliqu� dans les accusations contre Cunningham co-conspirateur non inculp�, qui aurait pay� 630 000 dollars en pots de vin � Cunningham pour aider � obtenir des contrats de la d�fense f�d�rale et autres. Aucune plainte n'a �t� d�pos�e contre Wilkes, bien que les procureurs f�d�raux travaillent au montage d'un dossier contre lui et Foggo.

Le FBI et les procureurs f�d�raux, enqu�tent sur des preuves que Wilkes a offert des cadeaux � Foggo, et a pay� pour diff�rents services, notamment des orgies � Watergate ( maintenant Westin) tandis que Foggo �tait dans une position de l'aider � obtenir certains contrats de la CIA.

La d�mission de Goss fait suite aux demandes du public pour la d�mission imm�diate de Rumsfeld � cause de la d�b�cle militaire en Irak, � la suite des critiques �mises par un ch�ur grandissant d'anciens g�n�raux de l'arm�e am�ricaine.

Derni�re p�rip�tie dans ce processus de sape du r�gime de Bush, un incident � Atlanta jeudi dernier devant une audience suppos�e favorable � la politique �trang�re et o� Rumsfeld a pris la parole. Pendant le temps des questions, il s'est trouv� confront� � ses mensonges concernant les raisons s'entrer en guerre contre l'Irak.

Ray Mac Govern, un v�t�ran ayant pass� 27 ans � la CIA et qui autrefois faisait les br�ves synth�ses en mati�re de renseignement le matin aupr�s de Bush p�re, a engag� un long d�bat avec Rumsfeld. Il a demand� pourquoi Rumsfeld avait insist� avant l'invasion de l'Irak qu'il y avait une �vidence s�re liant Saddam et al Qaeda.

� Etait ce un mensonge, Mr Rumsfeld, ou �tait ce une production venant d'ailleurs ? Parce que tous mes coll�gues de la CIA avaient mis ceci en doute de m�me que la commission sur le 11 septembre. � Mc Govern a dit � Rumsfeld m�dus� � Pourquoi nous avez-vous menti pour nous entra�n� dans cette guerre qui n'�tait pas n�cessaire ? �

Ce qui suit est significatif des changements op�r�s dans les m�dias influents concernant leur approche actuelle de Rumsfeld, Cheney et Bush. Le Los Angeles Times rapporte:

� Au d�but de la discussion, Rumsfeld est rest� imperturbable comme d'habitude : � je n'ai pas menti ; je n'ai pas menti � cette �poque ; � avant de se lancer dans une d�fense vigoureuse des d�clarations de l'administration avant la guerre sur les ADM.

Mais Rumsfeld s'est inhabituellement tu quand Mc Govern l'a press� sur des affirmations faites qu'il savait ou se trouvait ces armes non conventionnelles.

� Vous avez dit que vous saviez o� elles �taient �, a dit Mc Govern.

� Je ne l'ai pas dit. J'ai dit que je savais o� se trouvaient des sites suspects � a r�torqu� Rumsfeld.

Mc Govern a alors lu des d�clarations que le secr�taire � la d�fense avaient faites que les armes �taient situ�es pr�s de Tikrit, Iraq et Bagdad� �

Rumsfeld est rest� plong� dans un silence tombal. La totalit� de cette discussion a �t� film�e et retransmise � la t�l�vision.

Il est clair que les jours de Rumsfeld sont compt�s. Karl Rove devrait �tre co-inculp� avec l'aide de Cheney, Lewis � Scooter �, pour l'affaire des fuites concernant Val�rie Plame. Rappelons que cette affaire portait sur des suppos�es preuves concernant de l'uranium achet� par Saddam Hussein, et qui ont servi � persuader le Congr�s � renoncer � une d�claration de guerre et � donner carte blanche � Bush.

Tous ses fils sont entrain d'�tre prudemment rassembl�s par une faction r�aliste r� -�mergeante, en une tapisserie qui peut conduire � une mise en accusation en temps voulu, peut �tre aussi du vice pr�sident, le vrai pouvoir derri�re la pr�sidence.

 

Une politique �trang�re d�sastreuse avec la Chine

Dans ce contexte, l'insulte diplomatique de Bush au pr�sident chinois Hu Jintao venu en visite, est d�sastreuse pour les Etats-Unis sur la sc�ne internationale. Bush a agi selon un script �crit par des n�o conservateurs anti Chine, d�lib�r�ment r�dig� pour insulter et humilier Hu � la Maison Blanche.

D'abord, il y a eu l'incident au cours duquel un journaliste de Taiwan, un membre du Falungong, pr�sent dans une salle de conf�rence de la Maison Blanche dont les entr�es sont pass�es au peigne fin, a d�clam� une tirade contre les violations par la Chine des droits de l'homme, et ce, pendant plus de trois minutes, sans qu'on n'essaie de le faire sortir, � une conf�rence de presse film�e.

Puis, l'hymne national chinois a �t� jou� pour Hu, pr�sent� comme l'hymne national de la R�publique de Chine � Taiwan. Ce n'�tait pas un lapsus de la part des responsables du protocole � la Maison blanche, mais un effort d�lib�r� pour humilier le dirigeant chinois.

Le probl�me, c'est que l'�conomie am�ricaine est devenue d�pendante des importations chinoises, �galement du fait que les chinois d�tiennent des bons du tr�sor am�ricains. La Chine est actuellement celui qui d�tient le plus de ces r�serves am�ricaines soit environ 825 billions de dollars. Si Beijing d�cide de sortir du march� des bons am�ricains, m�me seulement en partie, cela provoquerait une chute du dollar et l'effondrement du march� immobilier de 7 trillions de dollars, une vague de banqueroutes, et un ch�mage massif. C'est une option r�elle, m�me si elle est peu probable actuellement.

Hu, n'a cependant pas perdu son temps � d�plorer les affronts faits par Bush. Il est all� imm�diatement en Arabie Saoudite, pour une visite d'�tat de 3 jours, pour signer des accords commerciaux, de d�fense, et de s�curit�. Ceci n'est pas une petite claque � la figure de Washington lanc�e par la famille royale saoudienne traditionnellement � loyale � aux USA.

Hu a sign� un accord pour que la SABIC (Saudi Basic Industries Corp) un puissant conglom�ra industriel saoudien, construise une raffinerie de p�trole et r�alise un projet de p�tro chimie d'une valeur de 5,2 billions. Au d�but de cette ann�e, le roi d'Arabie Saoudite, Abdullah, a fait une visite d'�tat � Beijing.

Depuis l'accord pass� entre la maison des Saud et l'administration am�ricaine sous F. Roosevelt offrant une concession exclusive � Aramco, entreprise am�ricaine, et non aux anglais, pour d�velopper le p�trole saoudien en 1943, l'Arabie Saoudite �tait consid�r�e par Washington comme sph�re d'int�r�t strat�gique commun.

Puis Hu est all� au Maroc, au Niger, et au Kenya, tous vus comme des � sph�res d'int�r�ts am�ricains �. Il y a seulement 2 mois, Rumsfeld �tait au Maroc pour offrir des armes. Hu offre de financer l'exploration de sources d'�nergie dans ces pays.

 

Le SCO et les �v�nements avec l'Iran

Les derniers d�veloppements concernant l'Organisation de Coop�ration de Shanghai (Shanghai Coop�ration D�veloppement, SCO) et l'Iran, montre une fois de plus les changements dramatiques concernant la position g�opolitique des Etats-Unis.

Le SCO a �t� cr�e � Shanghai en juin 2001, par la Russie et la Chine, avec 4 autres r�publiques d'Asie Centrale de l'ancien Union sovi�tique : le Kazakhstan, le Kirghizstan, le Tadjikistan et l'Uzbekistan. Avant le 11 septembre 2001, et la d�claration par les USA de � l'Axe du Mal � en janvier 2002, le SCO �tait juste un groupe de discussion sur la toile de fond g�opolitique pour Washington.

Aujourd'hui, le SCO, dont �vitent de parler les medias influents am�ricain, est entrain de d�finir une nouvelle politique de contrepoids � l'h�g�monie am�ricaine et son monde � unipolaire �. Au prochain rendez vous du SCO, le 15 juin, l'Iran sera invit� � devenir un membre � part enti�re.

Et le mois dernier � T�h�ran, l'ambassadeur chinois Lio G Tan a annonc� qu'un accord p�trolier et sur le gaz �tait en voie d'�tre sign� entre la Chine et l'Iran.

Cet accord porte sur 100 billions de dollars, et comprend le d�veloppement du vaste champ p�trolif�re de Yadavaran. La compagnie chinoise Sinopec serait d'accord pour acheter 250 millions de tonnes de gaz naturel liqu�fi� pendant 25 ans. Pas �tonnant que la Chine ne se pr�cipite pas pour soutenir Washington contre l'Iran au Conseil de S�curit� de l'ONU. Les Etats-Unis ont essay� de mettre une forte pression sur Bejing pour arr�ter l'accord, pour des raisons g�opolitiques �videntes, mais sans succ�s. Une autre d�faite majeure pour Washington.

L'Iran avance aussi d'autres plans pour d�livrer du gaz naturel via un pipeline au Pakistan et � l'Inde. Les ministres de l'�nergie des trois pays se sont rencontr� � Doha r�cemment et on pr�vu de se revoir ce mois ci au Pakistan.

Les progr�s concernant le pipeline est un mauvais coup contre les efforts de Washington d'�carter les investisseurs de l'Iran. Ironiquement, l'opposition am�ricaine poussent ces pays dans les bras les uns des autres, � un cauchemar g�opolitique pour Washington �.

A la r�union du SCO le mois prochain, l'Inde, que Bush essaie personnellement de booster comme un � contre poids � � la Chine sur la sc�ne g�opolitique asiatique, sera aussi invit�e � se joindre � l'organisation, de m�me que la Mongolie et le Pakistan. Le SCO est entrain de gagner de mani�re cons�quente en poids g�opolitique.

Le d�put� ministre des affaires �trang�res iranien Manouchehr Mohammadi a dit � Itar �Tass (agence de presse russe ndt) � Moscou le mois dernier que la position de membre du SCO de l'Iran pourrait � faire que le monde soit plus juste �. Il a aussi parl� de la construction d'un arc p�trole gaz Iran Russie, dans lequel les deux grands producteurs d'�nergie pourraient coordonner leurs activit�s.

 

Les Etats-Unis sont laiss�s en zone froide en Asie

L'admission de l'Iran au sein du SCO ouvre beaucoup d'options pour l'Iran et la r�gion. Du fait d'�tre membre du SCO, l'Iran pourra participer aux projets de celui-ci, ce qui veut dire en retour avoir acc�s � une technologie tr�s recherch�e, aux investissements, au d�veloppement du commerce et des infrastructures. Ceci aura des implications majeures pour la s�curit� �nerg�tique mondiale.

Le SCO a mis sur pied une commission de travail comprenant des experts avant la r�union au sommet de juin pour d�velopper une strat�gie commune du SCO en Asie, discuter des projets de pipelines, d'exploration p�troli�re et d'activit�s li�es. L'Iran se trouve sur la deuxi�me plus importante r�serve de gaz du monde, et la Russie a la plus grande. La Russie est le deuxi�me plus important producteur de p�trole apr�s l'Arabie Saoudite. Tout ceci, ce ne sont pas de petits mouvements.

L'Inde a d�sesp�r�ment besoin d'un accord avec l'Iran pour son approvisionnement en �nergie, mais est aussi sous pression de Washington de ne pas le faire.

L'ann�e derni�re, l'administration Bush a essay� d'obtenir le � statut d'observateur � au SCO mais sa demande a �t� repouss�e. Ceci, avec les demandes du SCO que Washington r�duisent sa pr�sence militaire en Asie Centrale, la coop�ration plus profonde entre la Russie et la Chine, et les d�boires de la diplomatie am�ricaine en Asie Centrale � ont acc�l�r� une r��valuation de la politique de Washington.

Apres son tour en Asie centrale en octobre 2005, Rice a annonc� une r�organisation du bureau de l'Asie du sud du d�partement d'�tat, pour inclure les �tats d'Asie centrale, et un nouveau plan am�ricain d' � Asie centrale �largie �.

Washington essaie d'�loigner les �tats d'Asie centrale de la Russie et de la Chine. Le gouvernement du pr�sident Hamid Karzai � Kabul n'a pas r�pondu aux ouvertures faites par le SCO. Etant donn� ses liens avec Washington, il a peu de choix.

Gennady Yefstafiyev, un ancien g�n�ral des services secrets russes a dit : � les objectifs � long terme am�ricains en Iran sont �vidents : de provoquer la chute du r�gime actuel, d'�tablir son contr�le sur le p�trole et le gaz, et d'utiliser le territoire iranien comme la route la plus courte pour le transport des hydrocarbures sous contr�le am�ricain des r�gions d'Asie centrale et de la mer caspienne, en contournant la Russie et la Chine. Ceci sans oublier la signification strat�gique et militaire de l'Iran.

Washington a bas� sa strat�gie sur le fait que le Kazakhstan soit son partenaire cl� en Asie centrale. Les Etats-Unis veulent �tendre leur contr�le physique sur les r�serves en p�trole de ce pays, et concr�tiser le transport du p�trole Kazakh via le pipeline Baku-Ceyhan, de m�me que se cr�er un r�le dominant dans la s�curit� de la mer Caspienne. . Mais le Kazakhstan ne joue pas le jeu. Le pr�sident Nursultan Nazarbayev s'est rendu � Moscou le 3 avril pour r�affirmer sa d�pendance continue aux pipelines russes. De m�me, la Chine passe des accords importants en mati�re d'�nergie et de pipeline avec le Kazakhstan.

Pour rendre pire les probl�mes g�opolitiques de Washington, bien que s'�tant assur� d'un accord militaire d'utilisation d'une base en Uzbekistan apr�s septembre 2001, les relations de Washington avec l'Uzbekistan sont d�sastreuses. Les efforts de Washington pour isoler le pr�sident Islam Karimov, en utilisant les m�mes tactiques de la � r�volution orange � ukrainienne, ne fonctionnent pas. Le premier ministre indou Manmohan Singh s'est rendu � Tashkent le mois dernier.

De m�me, le Tajikistan d�pend �troitement du soutien de la Russie. Au Kirghizstan, malgr� des tentatives clandestines de cr�er des dissensions au sein du r�gime, l'alliance du pr�sident Kurmanbek avec le premier ministre F�lix Kulov qui a le soutien de Moscou, tient.

En l'espace de 12 mois, la Russie et la Chine ont r�ussi � bouger leurs pi�ces sur l'�chiquier g�opolitique d'Eurasie de telle sorte que ce qui �tait au d�part un avantage g�ostrat�gique en faveur de Washington devienne l'oppos�, avec des Etats-Unis de plus en plus isol�s.

C'est potentiellement la plus grande d�faite strat�gique de projection de la puissance des Etats-Unis de la p�riode post seconde guerre mondiale. C'est aussi la toile de fond de la r�-�mergence de cette soi disante faction r�aliste dans la politique US.

F. William Engdahl

Article paru le 9 mai 2006 sous le titre � The US's g�opolitical nightmare � sur la site Asia times on line www.atimes.com. Copyright Asia Times traduction b�n�vole pour information � caract�re non commercial par MD pour Plan�te Non Violence.

F.William Engdahl est auteur de � A Century of War: Anglo-American Oil Politics and the New World Order, Pluto Press Ltd.
Pour le contacter : www.engdahl.oilgeopolitics.net.

 

Source : http://sensio18.blogspot.com/2007/05/le-cauchemar-gopolitique-des-etats-unis.html